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lundi 11 décembre 2017Actus

La bataille de l'aluminium relancée ?

L'association E3M lance l'"Aluminium-free Movement"

L’aluminium n’en finit pas de susciter des inquiétudes, qu’il soit présent dans les médicaments, les vaccins ou les produits de consommation courante, dont les cosmétiques. Fin 2017, un colloque organisé par l’association E3M a de nouveau, présentations scientifiques à l’appui, ravivé la flamme anti-alu et a appelé à la “nécessaire vigilance citoyenne” avant d’annoncer le lancement d’une campagne européenne “Aluminium-free Movement”…

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C’est dans les locaux du très respectable Sénat français que Laurence Cohen, sénatrice du Val-de-Marne et membre du groupe communiste, républicain, citoyen et écologiste, accueillait ce colloque organisé par E3M le 27 novembre 2017.
E3M est le sigle de l’association “Entraide aux Malades de la Myofasciite à Macrophages”, une maladie que les personnes atteintes attribuent à l’aluminium présent dans les vaccins. “L’association n’est pas contre les vaccins”, a souligné fortement Didier Lambert, son Président, “mais seulement contre ceux qui contiennent de l’aluminium”.

Études à charge

Dans ce cadre, on sait d’entrée que les discours ne seront pas “pro-alu”. Mais les organisateurs ont pris soin, aux côtés des militants, de réunir un parterre de scientifiques internationaux venus présenter leurs plus récentes études. Et pas seulement concernant le potentiel nocif des vaccins à l’aluminium : E3M entend élargir le débat (et son action), en soulignant les effets délétères potentiels de cette substance sur la santé, que l’on parle de cancer du sein, d’altérations neurotoxiques, de maladie d’Alzheimer, de troubles chroniques de l’intestin ou d’autisme…, et que l’aluminium soit présent dans l’eau de boisson, l’alimentation via les additifs, les médicaments ou les produits cosmétiques.
Tous les résultats des études scientifiques présentées sont (bien sûr) à charge, mais elles n’en constituent pas moins une base scientifique et une matière qui devrait nourrir les débats politiques… et médiatiques.

Aluminium toxique

Au premier rang des scientifiques invités à ce colloque : le Professeur Christopher Exley, de l’université de Keele au Royaume-Uni, emblématique de la lutte contre l’aluminium jusqu’à être surnommé “Monsieur Aluminium”.
Dans son allocution d’ouverture, il a expliqué pourquoi, selon lui, nous sommes dans “l’ère de l’aluminium” et quelles implications cela a sur l’Homme : “L’aluminium est le troisième élément le plus présent sur notre Terre, après l’oxygène et le silicium, mais il n’a jamais fait pas partie des cycles de vie. Quand l’Homme a appris à le transformer en métaux ou en sels, tout a changé. Il y a maintenant énormément d’aluminium disponible, qui forge notre monde moderne. Notre organisme a appris à mobiliser ses ressources pour évacuer les métaux toxiques auxquels il peut être exposé, mais ce qui n’est pas le cas pour l’aluminium, dans les formes que nous lui connaissons aujourd’hui, qui n’existent que depuis une centaine d’années. Conséquence : chaque partie de notre corps, chacune de nos cellules contient au moins un atome d’aluminium. Mais il n’a aucune fonction biologique, il n’apporte aucun bénéfice, il est juste toxique”.

Ce propos a toutefois été nuancé, notamment par le Dr. Ahmed Aït Bachir, avec cette remarque : “On s’est longtemps demandé si l’aluminium était toxique. Aujourd’hui, nous avons presque la certitude qu’il l’est…”.
Tout est dans le presque…
Car certes, l’aluminium, présent dans l’organisme à hautes doses (par exemple en cas d’insuffisance rénale) est connu pour être toxique pour le système nerveux central, les os, le système hématopoïétique (moelle osseuse, ganglions lymphatiques…)… Mais les connaissances sont nettement moins développées quand il est question de la toxicité des quantités d’aluminium auxquelles on est normalement exposés dans la vie courante.

Et c’est bien cet axe de recherche que les scientifiques intéressés par la question explorent aujourd’hui. Des résultats, non encore publiés, ont été présentés concernant l’aluminium vaccinal et ses effets neurotoxiques chez le mouton (Dr. Lluis Lujan, de l’université de Saragosse), l’influence de l’aluminium sur les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin comme la maladie de Crohn et la rectocolite hémorragique (Dr Cécile Vignal, de la faculté de Médecine de Lille) ou les liens avec Alzheimer ou l’autisme (Pr. Christopher Exley).
Le secteur cosmétique a également été directement ciblé.

Aluminium et cancer du sein

L’éventualité d’un lien entre sels d’aluminium et cancer du sein n’est pas nouvelle : le Dr Stefano Mandriota, de la Fondation des Grangettes de Genève, a ainsi cité les hypothèses posées par la chercheuse Philippa Darbre en 2005 (qui incriminaient directement l’aluminium présent dans les antitranspirants ) en première référence à ses propres études sur la cancérogenèse du sein.

In vitro
Son équipe a exposé pendant plusieurs semaines des cellules épithéliales mammaires à des concentrations d’aluminium correspondant à celles qu’on trouve dans les glandes mammaires humaines. Les chercheurs ont pu observer que ces cellules étaient totalement transformées, avec une prolifération chaotique et des changements fonctionnels typiques de ceux retrouvés lors de l’évolution de cellules normales en cellules cancéreuses.
Ces cellules ont été ensuite injectées dans des souris pour vérifier si elles étaient capables de provoquer la formation de tumeurs : 100 % de ces souris ont développé des cancers, alors que le groupe témoin, auquel avaient été injecté des cellules non exposées à l’aluminium, n’a pas été affecté. Et ces tumeurs se sont révélées particulièrement agressives, avec notamment le développement de métastases.

Le Dr Mandriota explique ces résultats par les cassures de l’ADN observées dans les cellules exposées à l’aluminium, qui induisent des changements stables du génome des cellules altérant leur comportement, notamment pour ce qui est du contrôle de la prolifération.
Conclusion : “Ce sont des effets typiques de carcinogènes. Cette étude soutient l’hypothèse que l’aluminium peut contribuer au cancer du sein, et peut-être également à d’autres cancers humains”.

Les résultats de cette étude Aluminium chloride promotes tumorigenesis and metastasis in normal murine mammary gland epithelial cells ont été publiés dans l’International Journal of Cancer en 2016.

In vivo
Caroline Linhart, de l’université médicale d’Innsbruck, poursuit le même objectif : démontrer le lien entre les sels d’aluminium des antitranspirants et le cancer du sein. Cette spécialiste des statistiques médicales, qui a déjà travaillé sur les marqueurs métaboliques de la maladie d’Alzheimer et les taux d’aluminium chez les patients atteints de sclérose en plaques, a analysé une cohorte de 209 femmes touchées par un cancer du sein, pour la comparer à une autre cohorte de 209 femmes en bonne santé d’âge équivalent. L’étude a combiné les données obtenues par interview sur les habitudes de vie (notamment l’utilisation d’antitranspirants) et la mesure du taux d’aluminum dans une large série d’échantillons de tissus mammaires.

Résultats :
• les femmes qui ont indiqué utiliser des cosmétiques au niveau de l’aisselle très fréquemment (c’est-à-dire plusieurs fois par jour) ont presque quatre fois plus de risques de développer un cancer du sein ;
• la fréquence d’utilisation d’antitranspirants est significativement corrélée à des taux élevés d’aluminium dans les tissus mammaires ;
• les patientes atteintes de cancer du sein ont des concentrations plus élevées d’aluminium dans leur tissu que les femmes en bonne santé.
Commentaire de Caroline Linhart : “En attendant que le rôle des sels d’aluminium dans le développement du cancer du sein soit entièrement élucidé, cette étude incite à un usage prudent des cosmétiques axillaires contenant de l’aluminium”.
Les résultats de cette étude Use of Underarm Cosmetic Products in Relation to Tisk of Breast Cancer. A Case-Control Study ont été publiés dans le journal EBioMedicine en 2017.

La campagne “Aluminium-free Movement”

Forts de ces résultats scientifiques, et même si les chercheurs eux-mêmes soulignent que des études complémentaires sont nécessaires pour les confirmer, les représentants de l’association E3M en appellent au principe de précaution (“inscrit dans la Constitution”, a souligné Didier Lambert).
Mais leur expérience en la matière ne les incite pas à l’optimisme sur ce point : “Malgré les alertes concernant la santé publique, ni l’industrie, ni les autorités sanitaires n’adoptent une démarche proactive”, expliquent-ils. “L’un des exemples les plus emblématiques concerne la vaccination en France. Les connaissances scientifiques sur les effets neurotoxiques de vaccins adjuvantés sur aluminium sont de nature à ce que le principe de précaution soit appliqué. Les autorités judiciaires françaises reconnaissent le lien entre cet aluminium vaccinal et notre pathologie (huit arrêts du Conseil d’État depuis fin 2012). Pourtant, il aura fallu deux grèves de la faim des malades de l’association E3M et de leurs proches pour que le ministère de la santé débloque fin 2013 une enveloppe de 150 000 euros en faveur de la recherche”.

Des objectifs

Car c’est bien là le nerf de la guerre : l’argent, permettant les recherches, sources de preuves…
C’est donc sur cet axe que s’articule la campagne européenne lancée par E3M : “Aluminium-free Movement” : avec ses deux objectifs :
• disposer des financements permettant à la recherche de répondre aux nombreuses questions posées par la présence d’aluminium dans l’environnement humain ;
• faire appliquer le principe de précaution dès que les données scientifiques seront suffisamment probantes.
Un principe de précaution facilement applicable, selon l’association, puisque “des alternatives à l’aluminium existent dans la plupart des utilisations”.

Et des moyens

Cette campagne est conçue pour s’appuyer sur l’alliance des chercheurs et des citoyens. Les premiers sont la base de la connaissance et la force probante, “le terreau”, les seconds sont “l’énergie et le moteur” de l’action. En clair : les scientifiques livrent les données avec lesquels les citoyens font pression sur les pouvoirs publics.

Et comme l’union fait la force, E3M prévoit plusieurs types de partenariats :
• dans la recherche : un conseil scientifique, co-présidé par le Pr Christopher Exley et le Pr Romain Gherardi (neuropathologiste et biologiste, auteur de Toxic Story : Deux ou trois vérités embarrassantes sur les adjuvants des vaccins, éd. Actes Sud) aura pour mission de piloter la politique de recherche ;
• dans le financement : un comité d’entreprises viendra soutenir la mise en œuvre du mouvement et assurera son financement de 2018 à 2022 ;
• dans l’action : des relations privilégiées seront mises en place avec d’autres associations pouvant être concernées par les effets indésirables potentiels de l’aluminium : maladie d’Alzheimer, de Parkinson, autisme, sclérose en plaques, syndrome des jambes sans repos ou de fatigue chronique, MICI, troubles de l’activité, encéphalomyélite myalgique, fibromyalgie…

E3M se donne cinq ans pour bâtir ce mouvement et faire entendre sa voix. Le but ultime étant de voir l’aluminium interdit dans tous les produits de consommation. Un intervenant a rappelé qu’il en avait fallu 50 pour arriver à la même fin pour l’amiante…

LW
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