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mercredi 28 mai 2014L'effet miroir

La Beauté radioactive !

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Nous sommes au XXIe siècle, et pour les jeunes générations qui ont connu Fukushima, Tchernobyl ou encore Three Miles Island, il peut paraître saugrenu de découvrir que la radioactivité a été une démarche miraculeuse, et encore plus dans le domaine de la beauté. C'est ce que nous montre l'excellente exposition thématique au Palais de la Découverte du 3 décembre 2013 au 8 juin 2014 : de Homer à Oppenheimer.

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Cette propriété de la matière, qui a fasciné plusieurs générations de savants et de chercheurs, est en effet au centre de nombreuses polémiques, quelques-unes fondées, d'autres beaucoup moins.

Tout d'abord rappelons brièvement ce qu'est la radioactivité. C'est la priorité que possèdent certains éléments du tableau périodique des éléments de se modifier dans le temps spontanément en d'autres éléments, en émettant de l'énergie sous forme de rayonnements. La radioactivité est un phénomène qui fut découvert en 1896 par Henri Becquerel sur l'uranium (les rayons uraniques), et très vite confirmé par Marie Curie pour le radium. C’est un phénomène physique naturel au cours duquel des noyaux atomiques instables, dits radio-isotopes ou radio-éléments, se transforment spontanément ("désintégration"), en des noyaux atomiques plus stables ayant perdu une partie de leur masse. Cette transformation se fait en dégageant de l'énergie sous forme de rayonnements divers appelés, selon le cas, des rayons α, des rayons β ou des rayons γ. Ils correspondent à des niveaux d'énergie différents, ce qui entre autres leur confère des propriétés de pénétration différentes.

La mesure de l'activité se fait en Bc (Becquerel), qui correspond au nombre de désintégrations par seconde au sein de l'échantillon. Les autres moyens de mesure s'expriment en grays (Gy), qui définissent la dose absorbée par la surface irradiée. Cela concerne les fortes doses (radiothérapie). Enfin, on parle de sieverts (Sv) pour la radioprotection. Cette mesure traduit l'effet biologique du rayonnement sur un tissu biologique. On l’exprime souvent en milli sieverts (mSv).

Les éléments radioactifs sont définis en particulier d’après leur " demi-vie", c'est-à-dire le temps au bout duquel la radioactivité initiale est divisée de moitié. Cette période est très variable en fonction des éléments : 2 minutes pour O₁₅, 30 ans pour le Césium, 14 milliards d'années pour le Thorium.

L'aventure commence à la fin du XIXe siècle quand plusieurs chercheurs se sont intéressés à cette question. Tout d'abord Röntgen, à qui on doit la découverte des rayons X [Note : Les rayons X sont une forme de rayonnement électromagnétique à haute fréquence. Le découvreur lui donna le nom habituel de l'inconnue en mathématiques, X. Les rayons X et les rayons gamma sont de même nature, mais sont produits différemment], puis du rayon "uranique" [Note : Rayonnement émis par l’uranium] que l’on doit à Becquerel. Ces découvertes bouleverseront la pensée scientifique. Nous sommes en 1896. Ces travaux seront très vite suivis des avancées scientifiques spectaculaires de Pierre et Marie Curie qui isolent deux nouveaux éléments émettant des rayonnements uraniques : le Polonium et le Radium.

Les recherches se poursuivent ensuite, avec une coupure pendant la Grande Guerre, avec les travaux de Niels Bohr en particulier. La découverte de la radioactivité artificielle sera l'œuvre de nouveau des Curie en 1934. Elle va entraîner une vraie révolution dans l'exploration du vivant.

Ensuite, le premier brevet sur la production d'énergie interviendra en 1939 par un groupe de chercheurs qui montre que la fission de l'uranium peut produite une réaction en chaîne produisant de la chaleur. Cette application conduira à des conséquences plus ou moins dramatiques : bombes atomiques ou production d'énergie par voie nucléaire.

Les propriétés de la radioactivité conduiront à de nombreuses applications, dont certaines sont encore peut-être dans notre vie quotidienne. Mais très rapidement, une véritable addiction à la radioactivité va se développer et donner naissance à des produits inédits aujourd'hui.

C’est ainsi qu’au début du XXe siècle, le radium, dont les propriétés sont encore en partie méconnues, entame une carrière fulgurante. Son intense rayonnement est utilisé très tôt pour brûler des rumeurs cancéreuses ou traiter des maladies de peau. Il est rapidement perçu comme un remède miracle, gage de santé, de guérison voir de rajeunissement. Durant ces années folles du radium et de ses cousins, on baigne dans la radioactivité et on en consomme. En prenant exemple sur les applications de la radioactivité dans des domaines de la santé, comme la radiographie qui propose une véritable révolution en permettant de voir "dedans sans ouvrir", de nombreuses applications seront proposées.

Les fabricants inondent le marché avec des produits à base de radium :
• des pommades,
• des crèmes,
• des poudres,
• des pilules,
• des pastilles,
• des suppositoires,
• de la laine à base de radium,
• des sous-vêtements,
• des gaines,
• du coton,
des engrais alimentaires ou aliments pour les animaux de la ferme.

La vogue touche particulièrement les produits cosmétiques. Crèmes, lames de rasoir et autres sels revendiquent la présence de radium… alors même que ce n'était pas toujours le cas.

L'importance du phénomène ira jusqu'à ce que les marques trouvent des égéries comme ce sera le cas plus tard. C'est ainsi que Miss France 1948 deviendra l'ambassadrice de la marque

Tho-Radia dont on vous contera prochainement la saga.

Tandis que les fontaines à radium permettent de compléter les bains d'un peu de radium, les grandes eaux minérales mettent en avant leur radioactivité dans le but de garantir une bonne santé, voir même un bain de jouvence apportant la jeunesse éternelle : Vichy, Tessières, Saint Pardoux, etc.

Dès 1928 par la création de la Commission Internationale de protection contre les rayons X et le radium, des règles concernant l'utilisation des rayonnements ionisants seront établies. Mais les marques existeront avec moins d'intensité et quelques-unes associées à cette aventure survivront jusqu'au début des années 1960.

Dans le monde de la beauté, deux applications vont se démarquer des autres, une plutôt folklorique et qui n'a pas résisté au temps, l'autre, beaucoup plus sérieuse, qui bien que discutée dans certains domaines, est encore en application.
• La première est l'utilisation de la radioactivité et plus spécifiquement du radium ou du thorium comme principes actifs de certains produits. La plus connue ou la plus célèbre sera la gamme Tho-Radia avec plusieurs produits, soin et maquillage.
• L'autre application sera la radio-stérilisation. Dans cette époque où l'absence de contamination reste un objectif, ce mode de traitement garde une certaine pertinence, entre autres lorsqu'il s'agira de traiter certains éléments ne supportant pas d'autres modes de traitement, ou encore certains produits finis.

Sur la crème Tho-Radia
Cécile Raynal & Thierry Lefebvre de la Revue d'histoire de la Pharmacie, nous ont fait l'honneur de rédiger un article sur la base de l'excellent ouvrage dont ils sont les auteurs : Les métamorphoses de Tho-Radia : Paris-Vichy (éditions Glyphe). Voir cet article .

Sur la radio stérilisation
Le groupe Aérial, spécialisé sur ce mode de traitement, propose une contribution faisant le point de façon large et exhaustive sur les applications en cosmétique - bientôt en ligne.

Bonne lecture.

Parmi les premières, rappelons les "petites curies" qui sont des camionnettes équipées d'appareil de radiographie pour aider les interventions des médecins militaires sur les blessés. La première mission se fera sur le front de la première bataille de la Marne.

Pour en savoir plus
Radioactivité , sur Wikipédia
Accident nucléaire de Fukushima , sur Wikipédia
Tchernobyl , sur Wikipédia
Centrale nucléaire de Three Mile Island , sur Wikipédia

TDC – n°1030 – Février 2012 – La Radioactivité.
L'affaire Radium , sur RobinDesBois.org
Les pouvoirs émiraculeux" de la radioactivité , sur Dissident-media.org
Radioactivité - Médecine - Radium , sur musee.curie.fr

Contribution réalisée par Jean Claude Le Joliff
Biologiste de formation, Jean Claude Le Joliff a été un homme de R&D pendant de nombreuses années. Successivement en charge de la R&D, puis de la Recherche et de l’Innovation dans un grand groupe français de cosmétiques et du luxe, et après une expérience de création d’un centre de recherche (CERIES), il s’est tourné vers la gestion de l’innovation.
Il a été par ailleurs Professeur associé à l’Université de Versailles Saint Quentin (UVSQ) et reste chargé de cours dans le cadre de plusieurs enseignements spécialisés : ISIPCA, IPIL, ITECH, UBS, UCO, SFC etc.
Il est le fondateur de inn2c, société de conseil en R&D et Innovation. Consultant auprès de plusieurs sociétés internationales, il a participé activement à des projets comme Filorga, Aïny, Fareva, et bien d’autres.
Il a créé la Cosmétothèque®, premier conservatoire des métiers et des savoirs faire de cette industrie.
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