La cosmétique est une affaire de plaisir et de sensorialité mais pas seulement. Dans bien des cas, elle aide à se sentir mieux, à se réapproprier son image. ”La beauté n’est pas futile, elle aide à mieux vivre”, tel est le postulat que Françoise Montenay, présidente du CEW France et des Centres de Beauté, défend depuis des années.
“Il y a encore un quart de siècle, une guerre faisait rage contre la cosmétique. On nous accusait de vendre de mauvais produits qui faisaient du mal à la peau”, se souvient Françoise Montenay. “Pire que cela, on nous reprochait d’être dans la séduction et la futilité. Avec un petit groupe de femmes, nous avons décidé de nous unir afin de démontrer que la cosmétique était non seulement une affaire sérieuse mais qu’elle pouvait aussi apporter du réconfort. Nous avons commencé à organiser des séminaires, des tables rondes et des voyages d’études articulés autour de nos métiers. Très vite, nous nous sommes rendus compte que si nous voulions réellement démontrer les effets positifs de la cosmétique sur l’esprit, il fallait aller sur le terrain.Nous avons commencé une expérience en 1992 à l’hôpital Gustave Roussy. Nous avons embauché une esthéticienne équipée des produits que nous pensions être les meilleurs. Imaginez une jeune femme, se baladant dans les couloirs, observée par des médecins dubitatifs”.
Former pour soigner
Si les premières expériences de soins en hôpitaux se sont avérées concluantes, les fondatrices des Centres de Beauté se sont heurtées au manque d’esthéticiennes habilitées à prodiguer des soins à des personnes malades.
“C’est un véritable métier que d’être socio-esthéticienne. Nous avons vite compris que si nous voulions être prises au sérieux dans notre projet, il fallait que nous soyons entourées de praticiennes formées à la mentalité de l’hôpital , qui sachent s’adresser au patient toujours dans la compassion mais jamais dans la pitié. Grâce à l’Oréal, nous avons pu nouer un partenariat avec le CODES, une école à Tours, qui forme des socio-esthéticiennes. Être correctement formé à cet exercice est primordial. Le bénévolat et l’engagement sont des choses qui s’apprennent”.
Avec le temps, les Centres de Beauté ont varié leurs prestations. En plus de proposer des soins esthétiques, il est possible de participer à des ateliers olfactifs.
“Alors que nous proposions des soins à l’hôpital Raymond Poincaré de Garches, l’un des professeurs est venu nous voir en nous demandant si nous pouvions venir en aide à des jeunes gens victimes de traumatismes crâniens ayant en partie perdu le langage et la mémoire. À cette époque, nous savions déjà qu’il existait une corrélation entre olfaction et émotion. Nous avons donc commencé à réfléchir et nous avons monter un partenariat avec IFF et l’ISIPCA (école de parfumerie) et avons inauguré le premier atelier du genre en 2001. Le but était de permettre à certains patients de sentir, de réagir à l’odeur et donc de raviver des souvenirs en eux pour qu’ils réussissent à parler, à se raconter”, explique Françoise Montenay.
L’engagement des marques
Au fil des années, les Centres de Beauté du CEW se sont mués en véritable institution.
En 2018, 35 000 soins d’une heure ont été prodigués à quelques 25 000 patients.
Les hôpitaux ne sont plus les seules infrastructures à bénéficier de ce dispositif, les EPHADS sont également concernés.
“Nous sommes partout où l’on a besoin de nous. Nous nous occupons aussi bien des adolescents que des anciens, qui ont tendance à être les grands oubliés. Nos soins se sont également ouverts à une vingtaine de pathologies, nous ne sommes plus circonscrits aux malades atteints de cancers”, ajoute Françoise Montenay.
Pour pérenniser l’action des Centres de Beauté, le CEW compte sur le soutien des professionnels de la beauté.
Françoise Montenay confie avoir tous les ans “cette peur ne pas réussir à boucler l’année. Et pourtant, je ne suis jamais déçue. Nous avons aujourd’hui près de 70 marques qui nous aident régulièrement”. C’est le cas de L’Oréal
“Depuis 10 ans, nous travaillons sur l’accessibilité à la beauté pour toutes les personnes fragiles”, indique Sylviane Balustre, Directrice du programme d’Inclusivité de la Fondation L’Oréal. “La Fondation est engagée sur des actions sociales. Nous souhaitons aider les plus démunis à renouer avec leur propre confiance. Nous avons noué des partenariats avec des associations comme Emmaüs ou les Apprentis d’Auteuil. Nous travaillons également en milieu hospitalier, notamment auprès de personnes atteintes de cancers”, ajoute-t-elle.
Pourtant le combat est loin d’être gagné d’avance. Selon une étude menée par le cabinet Odoxa auprès de personnes touchées par le cancer, pour L’Oréal :
• 12 % des personnes touchées par un cancer ont pu avoir accès à ces soins,
• 9 personnes sur 10 qui y ont eu accès estiment s’être senties mieux psychologiquement et physiquement face à la maladie,
• 8 personnes sur 10 indiquent que ces soins leur ont permis de mieux lutter contre la maladie.
“Voici la problématique majeure pour nous. Nous souhaitons donner accès à ces soins au plus grand nombre et tout notre engagement est tourné dans ce sens. Nous continuerons donc nos actions, nous soutiendrons toujours la formation de socio-esthéticiennes de qualité pour servir les intérêts des plus fragiles”, conclut Sylviane Balustre.