Les nouvelles stars de la peau, ce sont elles : les bactéries. On dénombre pas moins de 100 000 milliards de micro-organismes différents sur notre peau. Pas de quoi blêmir, ils sont garants de la bonne santé de notre épiderme. Depuis quelques années déjà, les scientifiques s’intéressent à la flore microbienne et essayent d’imaginer comment cosmétiques et bactéries peuvent s’associer pour réguler certaines problématiques cutanées. C’est les cas des équipes de recherches de L’Oréal. À l’occasion d’une conférence de presse organisée à Paris le 21 mai, elles ont expliqué aux journalistes en quoi le microbiome peut révolutionner la beauté.
Le microbiome cutané est un écosystème composé de microorganismes vivants et fait partie intégrante de la surface (on ne peut pas être une partie intégrante d’une surface…) de la peau. Son équilibre est essentiel à la santé de l’épiderme
“De plus en plus de biologistes considèrent effectivement que l’homme appartient à un écosystème complexe composé de milliards d’espèces microbiennes qui résident sur la peau, le nez, la bouche, les poumons, les intestins, c’est-à-dire toutes les parties en contact avec l’extérieur”, explique Luc Aguilar, Directeur de la Recherche pour L’Oréal R&I. “Ces microorganismes sont des bactéries, des champignons, des virus… Ils vivent en communautés qui, soit collaborent, soit sont en compétition. Leur équilibre est garant de notre santé et de notre bien-être. On compte environ un million de bactéries par cm2 de peau. À ce jour, plus de 500 espèces bactériennes ont été identifiées sur les peaux saines, qui peuvent exprimer plus de 2 millions de gènes. La composition de cette microflore varie à la fois selon le pH, la température, l’humidité, la salinité ou la concentration en sébum de la zone du corps considérée mais aussi en fonction de l’âge, du sexe et de multiples paramètres externes comme l’alimentation ou l’environnement. Aujourd’hui, on sait faire la différence entre la microflore d’une personne jeune et d’une personne âgée car cette signature se modifie au fil des événements de la vie”.
Microbiome et cosmétique
Mieux connaître le microbiome ouvre le champ des possibles en cosmétique, c’est du moins le postulat de L’Oréal. Toujours selon Luc Aguilar, “le futur verra le développement de nouvelles approches diagnostiques basées sur la caractérisation du microbiome et de nouveaux régimes nutritionnels et stratégies thérapeutiques pour corriger les déséquilibres. L’équilibre et la diversité des microbiomes seront régulièrement contrôlés grâce à des tests diagnostiques. Et demain, les traitements seront personnalisés. La prochaine étape sera de pouvoir utiliser l’arsenal vivant du microbiome pour corriger les signes de l’âge, mieux prévenir les changements de notre peau et mieux traiter les désordres À plus long terme, on pourra intervenir sur cet écosystème bactérien directement sur la peau ou en changeant ses habitudes de vie. On pourra aussi bientôt anticiper ces perturbations pour prévenir certaines pathologies”.
Les applications en dermocosmétique
Avant de rêver à des innovations futuristes, l’industrie cosmétique a déjà commencé à mettre sur le marché des produits bactéries-friendly.
Chez La Roche-Posay, par exemple, le microbiome fascine les équipes depuis 2009.
La marque a notamment conduit 19 études cliniques sur plus de 1000 patients atteints de diverses pathologies cutanées et a publié 13 articles dans des revues scientifiques. Elle a également découvert que l’eau thermale de La Roche-Posay était capable d’agir sur le microbiote cutané et d’apaiser certaines maladies de peau comme le psoriasis, l’acné ou la dermatite.
En parallèle, La Roche-Posay a développé un postbiotique (molécule fabriquée par les bonnes bactéries) capable de prendre soin de l’écosystème bactérien, et donc de la peau.
Aqua Posae, Filiformis, cultivé spécifiquement dans l’eau thermale de La Roche-Posay.
Cet actif, présent dans les gammes Lipikar, Tolériane et Effaclar permet de diminuer les crises de dermatite et de poussées d’acné. Il préserve la barrière cutanée et prévient la sévérité de l’apparition de certains symptômes.
Chez Vichy, on s’attaque aux pellicules. Leur apparition peut être liée aux hormones, à des champignons, à du psoriasis, à une dermite séborrhéique… Mais aussi aux changements de saison, à des périodes de stress ou de fatigue ou lors des pics de pollution, à cause d’un déséquilibre du microbiome. “Plusieurs études scientifiques ont pu objectiver le lien entre stress émotionnel, environnement et qualité́ de vie dans la genèse des pellicules”, précise la marque. Vichy a donc mis au point un shampoing antipelliculaires, formulé avec l’actif Sélénium DS, pensé “pour rééquilibrer.le microbiome du cuir chevelu, améliorer la fonction barrière et diminuer les démangeaisons”.
Le microbiome cutané fascine l’industrie cosmétique.Plus encore, il est source d’innovation.
Avec 100 milliards de micro-organismes, de plus de 1000 espèces différentes à la surface de notre peau, les bactéries n’ont pas encore révélé tous leurs secrets et la recherche à encore de beaux jours devant elle.
La tendance microbiote n’est pas près de passer de mode, au contraire, elle ne peut au contraire que proliférer !