HT :
TVA :
TTC :

Cosmetic Days - Protection solaire
jeudi 25 juin 2015Actus

Les paradoxes de l’extrait de réglisse...

undefined

À la fois éclaircissant et… bronzant (!), anti-inflammatoire, apaisant et antioxydant, cet extrait végétal possède, en fonction de son dosage et des fractions actives recherchées, l’étonnante faculté de traiter les taches d’hyperpigmentation, comme… de stimuler la synthèse de la mélanine ou de lutter contre l’hypersensibilité cutanée. On le retrouve dans quantité de nouveaux produits cosmétiques cet été comme à la rentrée. Exploration de cet actif à géométrie variable dont on n’a pas fini de faire le tour !

Temps de lecture
~ 7 minutes

S’il est passionnant à décrypter, l’extrait de racine de réglisse (licorice en anglais) est un vrai casse-tête chinois ! Des molécules aux noms qui se ressemblent (Glycyrrhiza glabra, Glycyrrhiza inflata, Dipotassium glycyrrhizate, Glycyrrhetinic acid…), pour la plupart dérivées de son composant majeur : la glycyrrhizine. Elles offrent cependant des propriétés très différentes, voire contraires ! Si la plupart du temps, l’extrait de racine de réglisse est anti-inflammatoire, apaisant et antioxydant, il possède (pour faire simple) deux principes actifs très recherchés par l’industrie cosmétique : la glabridine (INCI : Glycyrrhiza glabra root extract ) qui inhibe la mélanine (d’où ses propriétés antitaches) et l’acide glycyrrhétinique (nom INCI : Glycyrrhetinic acid ) qui, selon sa concentration, peut la stimuler ! De quoi y perdre son latin ! Selon Nivea qui vient de déposer un brevet sur le rôle "pro-mélanine" de l’acide glycyrrhétinique, " tout est une question de dosage et aussi de méthode d'extraction, une méthode pouvant privilégier l'extraction d'une molécule plutôt qu'une autre. Les différentes publications scientifiques sur lesquelles nous nous appuyons démontrent que l’acide glycyrrhétinique peut inhiber la croissance des mélanocytes comme stimuler la mélanogénèse ".

La glabridine ou licorice, un agent éclaircissant de référence

Célébrée par la médecine traditionnelle chinoise comme par les dermatologues occidentaux, la glabridine, extrait lipophile de la racine de réglisse, est connue pour ses vertus antitaches, éclaircissantes et anti-irritantes. " Elle inhibe la tyrosinase à l’origine de la production de mélanine. Elle possède également d’excellentes propriétés antioxydantes et anti-inflammatoires et permet de réduire les rougeurs, ce qui est important pour améliorer l’aspect des taches d’hyperpigmentation, notamment post inflammatoires ", déclare Isabelle Benoit, Directrice de la Communication scientifique d’Esthederm. La marque l’utilise depuis longtemps dans son brevet Hypopigmentaline, présent dans la gamme White System, comme le Sérum Éclaircissant (30 ml, 79 €).

On trouve également de la glabridine dans le nouveau soin solaire contre les hyperpigmentations de type masque de grossesse de Bioderma (Photoderm M SPF 50+, Crème teintée protectrice très haute protection, 40 ml, 14,50 €), ou chez Etat Pur qui considère que " la glabridine possède une action inhibitrice de la mélanogénèse supérieure à celle de l’acide kojique " (Actif Pur Glabridine, 15 ml, 17,20 €). Ou encore dans des soins anti-âge global (intégrant une action antitaches donc), tel le Sérum éclat d’Ekia , certifié bio (30 ml, 68 €), ou le nouveau Sérum Lumière Sublime de Cinq Mondes (30 ml, 95 €, gamme Rituels de Kyoto, Japon). Selon Cinq Mondes et un test réalisé par son fournisseur, " la glabridine se révèle 100 fois plus efficace que la vitamine C pour lutter contre les taches pigmentaires ". Vichy, lui, utilise l’acide glycyrrhizique (INCI : Dipotassium glycyrrhizate ) aux effets similaires (il uniformise le teint et calme la peau) dans Idéalia Skin Sleep Baume-en-gel réparateur nuit (50 ml, 31 €).

Mais on trouve la glabridine dans toutes sortes de produits, comme les fonds de teint qu’elle enrichit de ses qualités "soin" (Fond de teint Dermo Caviar de La Prairie, 30 ml, 188 €, à partir du 5 octobre), ou encore les gommages ou nettoyants visage dont elle renforce les vertus éclaircissantes, tout en calmant irritations et rougeurs, comme dans toute la gamme 123 Détox d’Erborian ( Solid Cleansing Oil , 100 ml, 33 €, Cleansing Crème aux 7 Herbes, 50 ml, 27 €, Crème Scrub aux 7 Herbes , 50 ml, 25 €), ou Osmoclean, Masque Gomme Clarifiant, un soin exfoliant sans grain d’Esthederm (75 ml, 34 €), ou encore Supercleanse, Soin Nettoyant Quotidien de Glamglow (150 g, 29,90 €, dès la mi-août).

L’acide glycyrrhétinique, un actif traditionnellement apaisant…

Largement décrite dans les traités d’herboristerie, cette autre fraction active de l’extrait de racine de réglisse, aussi nommée enoxolone, est réputée pour ses vertus anti-inflammatoires. Apaisante et anti-irritante, elle calme l’hypersensibilité cutanée, les coups de soleil ou les piqûres d’insectes et atténue les rougeurs dans l'Actif Pur Enoxolone d’Etat Pur (15 ml, 14 €).

On le trouve aussi, mais sous une autre forme, dans les nouvelles huiles solaires d’Esthederm pour le corps et les cheveux (L’Huile Solaire Protection Active Jeunesse, Bronzante , Sublimatrice, Soleil Normal ou Fort , 150 ml, 49 €).
" Nous utilisons l’acide 18 beta glycyrrhétinique dans nos produits solaires et après-soleil comme actif apaisant : il protège de l’inflammation UV-induite en stimulant les mécanismes anti-inflammatoires endogènes. Il maintient notamment le cortisol (anti-inflammatoire naturellement présent dans la peau) sous sa forme active et réduit la production de cytokines pro-inflammatoires, offrant une action anti-inflammatoire directe. Cette efficacité est essentielle car les phénomènes inflammatoires sont largement impliqués dans le photo-vieillissement et les hyperpigmentations. Par contre, l’acide 18 beta glycyrrhétinique n’est pas soluble dans l’huile, voilà pourquoi nous avons dû utiliser un précurseur lipophile (le stearyl glycyrrhetinate) dans nos nouvelles huiles solaires", poursuit Isabelle Benoit.

Le groupe Beiersdorf affectionne lui aussi l’extrait de réglisse que l’on retrouve dans deux de ses lignes solaires (Eucerin et Nivea Sun). Eucerin utilise un actif antioxydant nommé la Licochalcone A, issu de la racine de réglisse chinoise (INCI : Glycyrrhiza inflata root extract). Il est combiné à de l’acide glycyrrhétinique qui stimule les mécanismes d’autoréparation de l’ADN (action démontrée in vitro par fluorescence et in vivo sur 14 volontaires après utilisation biquotidienne pendant neuf jours).
Les deux molécules sont associées dans les nouveautés solaires de la marque, pour les peaux à tendance acnéique : Oil Control Sun Gel Crème Toucher Sec SPF 30 (50 ml, 10 €) ou SPF 50 (50 ml, 10,50 €).

… qui depuis peu révèle des vertus bronzantes !

Été 2015, coup de théâtre avec Nivea Sun qui emploie un acide glycyrrhétinique bronzant dans ses solaires ( Protect & Bronze Huile Sèche Activatrice de Bronzage SPF 30 , 200 ml, 7,60 €) ! Rebaptisé Pro-mélanine, ce dernier active bel et bien le processus naturel de bronzage de la peau.
Comme nous l’avons vu, l’acide glycyrrhétinique n’est pas soluble dans l’huile et peu dans l’eau. C’est pourquoi Nivea utilise ses sels (notamment calcique et potassique) qui sont plus solubles dans l’eau que l’acide glycyrrhétinique seul. Et pourtant, il ne vous aura pas échappé qu’il s’agit d’une huile solaire ! Oui, elle a bien le toucher et le glissant d’une huile, mais sans aucune huile (ni minérale, ni végétale), son excipient est essentiellement composé d’alcool (premier ingrédient de la liste des ingrédients INCI pour l’huile sèche), ou un mélange d’eau et d’alcool (pour l’après-soleil). Un mauvais point pour les solaires les plus vendus au monde…

Ariane Le Febvre

© L'Observatoire des Cosmétiques

© 2015 - 2024  CosmeticOBS
Obtenez votre bage maintenant !

ActusAutres articles

1392résultats