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jeudi 17 décembre 2020Actus produits

Parfums : le luxe rentre enfin dans la danse du vertueux…

Parfums : le luxe rentre enfin dans la danse du vertueux…

Le parfum étant de loin le produit le plus suremballé de l’industrie cosmétique, il était logique qu’il se soucie de son impact environnemental. C’est sans doute le dernier bastion qui passe à l’heure de l’écoresponsabilité, tant au niveau des formules que des conditionnements. Et la grande nouvelle, c’est que le luxe s’y met enfin ! Bienvenue dans une nouvelle ère du parfum !

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Quand on achète un parfum, on achète beaucoup d’emballages, jetables, à usage unique, avec des composants qui viennent souvent de très loin. Et avec plus de 2000 parfums lancés chaque année, l’impact environnemental est loin d’être négligeable. Un nouveau modèle et une démarche globale engagée pour le vivant est en train d’apparaître. La durabilité, si étroitement associée à la notion même de luxe, devrait d’ailleurs être la règle générale. Mugler, Diptyque, Acqua di Parma, Dior, Goutal, Lancôme, Giorgio Armani, Valmont… proposent désormais des parfums rechargeables et des formules plus clean (ingrédients durables et sourcés de manière éthique).
Ce sont encore aux balbutiements mais ce sont déjà des débuts prometteurs. On attend que Chanel, qui a toujours une longueur d’avance, nous dévoile ses futurs projets…

Des conditionnements écoresponsables, souvent rechargeables

C’est le pari de nombreuses marques de luxe cet hiver. L’Oréal et LVMH s’affrontent dans la course à l’innovation ! Mugler propose des flacons “ressourçables” (c’est-à-dire que l’on peut remplir dans l’une des 14 000 fontaines de la maison) depuis 1992 et c’est évidemment le cas de son dernier lancement (Angel Nova, eau de parfum 50 ml, 83 €), une nouvelle rose fruitée (overdose de notes framboise et litchi), puissante et écoresponsable. Mais la marque (qui appartient au groupe L’Oréal depuis 2020) va encore plus loin en intégrant pour cette création une rose inédite, super-naturelle, issue de l’upcycling qui consiste à réutiliser les pétales déjà distillés. Cette innovation biotechnologique permet non seulement d’économiser de la ressource végétale naturelle (une fleur = deux extraits) mais également de révéler une nouvelle odeur obtenue à partir des résidus d’une autre production (procédé enzymatique). Mugler a l’usage exclusif de ce procédé pendant un an.

Pour rester dans le groupe L’Oréal, Lancôme (Idôle L’Intense, eau de parfum 50 ml, 90 €, un trio de roses et de jasmins au sillage chypré dans un flacon ultra flat et léger) et Giorgio Armani (My Way, eau de parfum 50 ml, 88 €, un hymne aux fleurs blanches) proposent aussi des flacons rechargeables. “Il est impossible d’ignorer le fait que l’avenir des plus jeunes générations dépend de nos choix”, déclare Giorgio Armani.
Sa création encapsule les efforts d’écoconception de la marque, tant par l’utilisation de matériaux recyclés et recyclables que par ses ingrédients de source durable. Alliés à la préservation de 650 hectares de forêt tropicale à Madagascar, ils permettent à My Way d’atteindre la neutralité carbone.

La Maison Goutal propose également des flacons rechargeables (Eau d’Hadrien Eau de Parfum Rechargeable, 30 ml, 75 €), tandis que Lolita Lempicka imagine une édition limitée de son best-seller Original (eau de parfum 100 ml, 109 €), en version vegan (labélisé One Voice, comme tous ses parfums) et clean, “exempte de filtres solaires, colorants et perturbateurs endocriniens (donc sans phtalates NDLR)”.
Pour éviter le suremballage, la marque remplace ses coffrets par des pochettes en coton bio labellisées écoresponsables et réutilisables.

Enfin, Diptyque propose quatre de ses eaux de toilette iconiques (Philosykos, Do Son, Eau Rose et Eau des Sens) dans un nouveau flacon de voyage rechargeable et personnalisable à l’aide de 72 pièces, lettres, chiffres et étoiles, qui permettent de créer un objet à son image (Parfum de Voyage pré-rempli d’eau de toilette, 12 ml, 95 €). Grâce à un système breveté qui garantit le transfert propre et sécurisé du parfum, on le clippe sur le vaporisateur du flacon classique (50, 75 ou 100 ml) et, par de légères pressions, le jus est aspiré en douceur.
Un contenant facile à recharger chez soi qui, malgré les aventures et le temps qui passe, garde la fragrance aimée comme au premier jour.

Le meilleur de la nature en flacons !

Depuis 2014, Sephora permet à tous ses clients de ramener leurs flacons de parfums vides en magasin. Ces flacons sont ensuite recyclés, notamment par le biais d’un partenariat de longue date avec la société CEDRE (Groupe Nord Déchets). Cette initiative pionnière a permis de recycler près de cinq millions de flacons depuis 2014.

Les parfums Floral Street disponibles sur le site de Sephora utilisent des matières premières provenant de sources durables, avec des emballages écoresponsables réutilisables, recyclables ou compostables (Néon Rose, London Poppy, Wonderland Peony, Electric Rhubarb, 50 ml, 59 €). Sephora Collection vient de lancer par ailleurs une gamme de six eaux de parfums Do Not Drink à base d’alcool végétal issu de la betterave, contenant 87 % d’ingrédients d’origine naturelle : Eau Acidulée (cassis + passion), Eau aromatique (sauge + Tonka), Eau Corsée (iris + moka), Eau Rafraîchissante (mandarine + matcha), Eau Epicée (jasmin + baies roses), Eau Sucrée Salée (vanille + fleur de sel), 10 ml, 9,95 € ; 30 ml, 19,95 € ou 50 ml, 29,95 €.

Courrèges crée quatre eaux de parfum mixtes “planète compatibles” baptisées les Colognes Imaginaires (2030 Verbena Crush, 2040 Nectar Tonka, 2050 Berrie Flash, 2060 Cedar Pulp, 100 ml, 79,50 €).
Chaque fragrance est exempte de colorants et de conservateurs, utilise de l’alcool biologique de betterave français et des composants d’origine naturelle respectant les principes de développement durable et les populations locales.
Le flacon en verre a été allégé de 40 %, la pompe est dévissable (pour un recyclage plus facile) et le capot en bois de frêne et insert maïs est biodégradable. Le tout est protégé dans un étui en papier recyclable certifié FSC, avec un film de protection compostable et biodégradable.

Enfin, Valmont imagine de somptueux parfums dont les flacons créés à la main par des artistes de Murano peuvent être rechargés dans ses points de vente (dernière création dans sa collection Storie Veneziane : Mica d’Oro, un oriental gourmand, 100 ml, 490 €).

Les hommes ne sont pas oubliés

Le grand lancement planet friendly du début de l’année 2021 aura lieu chez eux avec l’eau de toilette pour homme Sauvage de Dior qui devient rechargeable (recharge 300 ml, 202 €, à partir du 1er février). Dans son bidon bleu nuit laqué en aluminium (donc recyclable à l’infini), la fragrance est bien protégée de la lumière. Légère (donc nécessitant moins de consommation d’énergie pour le transport) et facile à utiliser, elle se visse tête en bas sur le col du flacon et, grâce à un auto-stop intégré, s’arrête lorsque le flacon est rempli en une minute chrono. Pas une goutte n’est gaspillée. L’opération est propre, rapide et intuitive. Les étuis, eux, ont été allégés avec un choix de cartons FSC issus de sources responsables et l’intégration progressive de matières recyclées. Quant au “jus”, il utilise (entre autres) une bergamote de Calabre qui fait l’objet d’un partenariat durable initié il y a plus de 10 ans.
Pourquoi avoir choisi cette fragrance en particulier ? Car le succès mondial de ce “parfum des grands espaces” le désigne pour ouvrir la voie d’une nouvelle génération de fragrances plus responsables, mais “l’histoire ne fait que commencer et continuera demain avec d’autres fragrances Dior”, assure la marque amirale du groupe LVMH.

Toujours dans le groupe LVMH mais parfaitement mixte celle-là, la bien-nommée Colonia Futura d’Acqua di Parma (50 ml, 88 € ; 100 ml, 122 € ou 180 ml, 162 €).
La célèbre Cologne se décline désormais dans une version éthique et ultra-vertueuse, tant au niveau du contenu que du contenant. Sa composition (99 % d’ingrédients d’origine naturelle) est riche en matières premières naturelles (bergamote AOP de Calabre, citron, pamplemousse, sauge sclarée, lavande, vétiver, baie rose …), tout en respectant les cultures locales et les ressources humaines utilisées. L’emballage durable est composé d’éléments qui ont été réalisés selon une logique d’écoconception : remplacement du bouchon emblématique en Bakélite par un bouchon en plastique recyclé et recyclable, étiquette réalisée à partir de poussières provenant de carrières de marbre, étui-cylindre fabriqué à partir de papier certifié FSC…

Autre masculin qui va encore plus loin dans l’éco-responsabilité, B683 Extrait de Marc-Antoine Barrois (50 ml, 275 €), un “cuir de patchouli” aux inflexions boisées, pensé comme une seconde peau au sillage intense, qui peut aussi séduire les femmes.
Cet extrait concentré à 40 % est formulé sans conservateurs, phtalates, BHT ou filtres anti-UV (intégrés pour que la couleur du jus ne se modifie pas dans le temps). Il est conditionné sans cellophane ni mousse de calage. Son packaging est entièrement fabriqué en France par un ESAT et 100 % recyclable. “Les phtalates, encore largement utilisés dans la parfumerie, sont utilisés pour rendre le parfum impropre à la consommation sinon ce dernier serait taxé comme l’alcool. Ils sont ici remplacés par du Bitrex (Benzoate de dénatonium), un amérisant réputé avoir le plus mauvais goût du monde”, déclare le talentueux créateur qui a lancé son premier parfum en 2016, dix ans après l’ouverture de sa maison de couture pour hommes.

Ariane Le Febvre
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