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jeudi 10 octobre 2013Actus produits

Textures à géométrie variable

© L'Observatoire des Cosmétiques

Élixir en huile, sérum en crème, crème en huile… ces textures "marabout bout de ficelle…" dotent nos soins visage d’une surprenante sensorialité. Inédites et très réussies, on en redemande ! Le zoom sur les nouveautés cosmétiques de la semaine par Ariane Le Febvre.

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"Les sérums ne sont pas assez nourrissants, les huiles trop grasses forment un effet "flaque" qui s’étale et ne pénètre pas, les gels collent et dessèchent…" c’est vous qui le dites !
Aujourd’hui, les femmes veulent être étonnées et cela passe, après le parfum (premier critère d’achat et de fidélisation), par le toucher. Elles apprécient notamment qu’une texture se transforme au contact de leur peau. Les marques l’ont bien compris et ont fait travailler leurs formulateurs sur de nouvelles galéniques "à tiroirs" qui réunissent les atouts de plusieurs textures. Présents uniquement pour l’instant dans les soins visage, ces "moutons à 5 pattes" créent la surprise. En fait, les structures classiques d’émulsion (eau dans huile ou huile dans eau) sont en train de changer complètement. Pour notre plus grand bonheur !

Yves Saint Laurent, spécialiste du genre (rappelons-nous son Gommage Action Biologique Exfoliant sans grains, un gel dense qui se convertit en huile puis en lait), a été un des premiers à proposer ce type de textures "poupées russes" en septembre, avec trois créations : un sérum en crème (Sérum-en-Crème Forever Youth Liberator, 50 ml, 165 €), une crème gel (Crème Gel Forever Light Creator, 50 ml, 89 €) et un gel-baume transparent (Masque Intense Libérateur Jeunesse, 75 ml, 62 €).
Mon premier est une émulsion eau dans huile fouettée avec des cires lissantes. Alliant le confort d’un baume et l’efficacité d’un sérum, il fond sur la peau pour l’envelopper de confort. Mon deuxième est une texture ultra légère – un baume gel, blanc et non gras – au pouvoir super-hydratant. Et mon dernier est un gel non plus blanc ou translucide mais cristallin qui réunit l’atout fraîcheur du gel et le glissant d’un baume favorisant l’auto-modelage (ce que ne permet pas habituellement un gel) pour un masque qui se masse.

Biotherm offre, quant à lui, une des textures les plus incroyables de la saison avec son Blue Therapy Serum-In-Oil Nuit (30 ml, 65 €), qui combine la puissance d’un sérum et la nutrition d’une huile dans une formule micro-dispersée à transformation. Via une technique de micro-fragmentation sous très haute pression (800 bar), dans un homogénéisateur en céramique, les laboratoires sont parvenus à produire des microgouttelettes jusqu’à 20 fois plus petites (0,05 à 0,20 microns, le tout sans nanoparticules, juste grâce à ce procédé physique) que dans une émulsion classique.
Contrairement à celle-ci, Blue Therapy Serum-in-oil n’utilise pas d’agent gélifiant pour obtenir sa consistance gel, mais doit en partie sa viscosité à la micro-taille des particules. L’absence d’agent gélifiant favorise la réceptivité de l’émulsion aux électrolytes (minéraux, acides aminés, etc.) naturellement présents dans la peau. À l’application, ces électrolytes "cassent" naturellement le gel, le transformant en huile pour permettre sa diffusion immédiate dans l’épiderme. En raison de leur très petite taille, les microgouttelettes n’interfèrent pas avec la lumière visible, rendant la formule transparente. Cette texture huile en eau encapsulée contient 35 % de phase grasse (à titre d’exemple, il y avait 10 % d’huile dans Oléo-Sérum de Lancôme, un des premiers sérums huiles lancés l’hiver dernier), tout en gardant un aspect gelée. Alors que la plupart des huiles laissent sur la peau une sensation de gras et de chaleur, la texture Serum-in-oil est fraîche à l’application et fusionne avec la peau, laissant un fini velouté et non collant, sans résidus gras. Un vrai prodige technologique !

Et comme l’huile visage légère et non grasse est décidément une des grandes tendances de l’anti-âge, autant qu’une demande des peaux matures "qui perdent 57 % de lipides cutanés après la ménopause", nous dit Vichy, on assiste à une véritable "oléomania" cet hiver !
D’abord Guerlain, à partir du 15 octobre, avec une huile regalbante "qui se fond instantanément dans la peau et demeure aussi impalpable que le plus évanescent des liquides" (Abeille Royale Huile de soin visage, 28 ml, 82 €). Et pour cause, elle ne contient aucune huile végétale, mais d’abord de l’eau, des extraits de miels "à effet frais" et de la gelée royale.
Puis Vichy en janvier 2014 avec une huile dédiée aux peaux matures (Neovadiol Magistral Élixir, 30 ml, 35 €). Pour la marque de dermo-cosmétique, aucun doute : après la ménopause, le meilleur sérum est une huile. Encore une huile dont le premier ingrédient est l’eau – pour ne surtout pas avoir d’effet gras – mais qui, elle, contient 14 % d’huiles végétales. Son secret ? Un savant équilibre entre les huiles naturelles biologiquement actives (plus grasses et brillantes) et des huiles synthétiques qui favorisent la réflexion de la lumière, pour un toucher velours sensuel et un fini lumineux.

Autres textures "convertibles" : le baume élixir spécial regard – un baume riche qui se métamorphose en élixir frais et léger au contact de la peau – de Lancôme (Absolue L’Extrait Rituel de Régénération Ultime Regard, 350 €, voir l'article L’arme à l’œil dans la rubrique Tendances), ainsi que la Crème Huile Extraordinaire Age Perfect de L’Oréal Paris, en janvier prochain (50 ml, 17,90 €). Cette dernière "nourrit, défatigue, illumine" avec des "micro-perles d’huiles et des huiles essentielles de lavande et romarin".
Pas de texture qui se modifie, mais une double utilisation sérum et masque avec une même gelée pour le Concentré Calmant Camomille Sérum et Masque du Dr Docteur Renaud (50 ml, 24,90 €). Une idée qui peut aussi constituer une piste intéressante dans ce grand concept de la "beauté simplifiée" tellement à l’ordre du jour.

Enfin, Sanoflore nous proposera avec sa Crème des Reines Soin créateur de peau parfaite, à partir de janvier (50 ml, 39 €), une texture légère et pulpeuse, fusion originale du minéral et du végétal, une première en cosmétique bio !
Les formulateurs ont longtemps cru qu’il était impossible de concevoir une formule naturelle aérienne, car seuls les carbomères, polymères de synthèse (interdits en cosmétique certifiée bio) permettaient cette prouesse. En s’inspirant des technologies du maquillage, et notamment en incorporant une dose record de 4 micas triés sur le volet et disposés en feuillets qui gonflent avec l’eau (pour donner du "rebond" à la texture), ils sont parvenus à reproduire ces facultés, ajoutant une nouvelle dimension sensorielle dans un soin bio évidemment dépourvu de silicones et de gélifiants de synthèse. Grâce aux différents micas qui enrobent les huiles végétales, la Crème des Reines évite toute brillance sans limiter le confort, dans une texture onctueuse au fini poids-plume, évanescente et subtilement nacrée.

Le maquillage n’a d’ailleurs pas fini d’inspirer le soin. Le soin hybride parfait sera, en effet, lancé en décembre chez Garnier. Il s’agit du Soin Miracle Anti-âge Transformateur de peau FPS 20 (50 ml, 11,90 €), un soin à mi-chemin entre l’anti-âge et le maquillage. Les pigments minéraux micro-encapsulés de cette crème blanche se libèrent à l’application pour délivrer une teinte auto-ajustable qui convient à toutes les carnations du monde. Cette nouvelle technologie répond au nom "d’Optical Care" – sous le pigment, le soin – l’après BB crème en quelque sorte, mais… ce sera le thème du Zoom de la semaine prochaine !

Ariane Le Febvre

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