Qu'est-ce qu'un "vrai" savon de Marseille ? Quels critères doit-il satisfaire pour mériter cette appellation ? À quelle charte doit-il se référer ? La bataille fait rage près du Vieux-Port, où les savonniers s'affrontent entre traditions et réalités industrielles. Les 13e Rencontres réglementaires organisées par l'association Cosmed, justement à Marseille, ont été l'occasion de laver un peu de linge sale en famille. Explications.
Le savon de Marseille a une longue histoire. Laurent Bousquet (société de conseil ADEPRO et expert en savons) l'a racontée à L'Observatoire des Cosmétiques.
On connaît le savon depuis l'Antiquité. Les premières savonneries marseillaises sont apparues dès le XIIe siècle et la ville est devenue le berceau d'un savon réputé. En 1688, elle en obtient le monopole par la grâce d'un édit de Colbert, qui constitue en quelque sorte le premier cahier des charges du savon dit de Marseille. Un monopole lucratif, pour l'État français qui délivre les autorisations de pratiquer le métier, perçoit taxes et impôts, et pour les savonniers qui bénéficient de l'exclusivité de la fabrication.
Le savon pas cher des lavandières
Deux critères font alors du savon de Marseille le "meilleur" savon du monde : sa grande efficacité et son prix très accessible.
À l'époque, il n'est pas d'usage de pratiquer une hygiène corporelle des plus poussées, et c'est le moins qu'on puisse dire. La toilette consiste alors principalement à se racler la peau pour en ôter la crasse, avant de la parfumer pour masquer les odeurs incommodantes. Le savon est seulement utilisé à des fins ménagères et industrielles. C'est le produit lavant de choix, qui décape la …