Les plastiques sont aujourd’hui présents à peu près partout dans notre environnement. La production mondiale de plastique augmente et de plus en plus de plastiques se retrouvent dans l’environnement. On sait depuis longtemps que cela a un effet sur les écosystèmes aquatiques. Il y a actuellement beaucoup de discussions publiques sur les risques possibles pour la santé auxquels les consommateurs sont confrontés en raison de l’introduction possible de microplastiques dans la chaîne alimentaire. L’Institut fédéral allemand pour l’évaluation des risques (BfR) a publié une FAQ pour répondre à certaines questions fréquemment posées sur les microplastiques, notemment dans les cosmétiques.
Pourquoi les microparticules de plastiques sont-elles utilisées dans les produits cosmétiques ?
Les particules de microplastiques peuvent être utilisées dans les produits cosmétiques comme les gels douche, les exfoliants et le dentifrice pour éliminer en douceur les squames, la saleté ou la plaque dantaire. Selon les informations fournies par l’association cosmétique européenne Cosmetics Europe, la quantité de microplastiques ainsi utilisés a été réduite de 97 % entre 2012 et 2017. La BfR ne dispose cependant pas actuellement de données à ce sujet.
Selon les estimations de l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA), les particules de microplastiques représentaient 0,2 % des microplastiques produits dans l’Espace économique européen en 2017. L’ECHA a proposé que l’utilisation de ces microplastiques soit interdite dans les produits cosmétiques à partir de 2020.
À la demande de la Commission européenne, l’ECHA a préparé une proposition de restriction pour les microplastiques délibérément ajoutés aux produits.
L’utilisation des microplastiques dans les produits cosmétiques doit-elle être déclarée ?
Tous les constituants d’un produit cosmétique sont énumérés en concentrations décroissantes dans la liste des ingrédients (liste INCI). Il n’est toutefois pas nécessaire de déclarer si elles sont utilisées comme particules de microplastiques dans le produit cosmétique.
Pour fabriquer des microplastiques, les matières premières utilisées, comme l’éthylène, sont polymérisées en grands complexes afin de former une particule. En plus de leur fonction de “petites billes de nettoyage”, les polymères de polyéthylène sont utilisés pour contrôler la viscosité et la formation des films dans les produits cosmétiques. Le polyéthylène qui y est utilisé a cependant une chaîne plus courte, ce qui signifie qu’il se présente sous forme liquide et non sous forme de particules. Si les ingrédients sont utilisés comme seul critère, il n’est donc pas possible de reconnaître si une matière première existe sous forme de particules.
Les consommateurs sont-ils confrontés à un risque direct pour la santé s’ils utilisent des produits cosmétiques contenant des microparticules de plastique ?
Le BfR s’est penché sur la question de savoir si l’absorption cutanée ou l’ingestion orale inintentionnelle de particules microplastiques provenant de gels douche, d’exfoliants et de dentifrice peuvent présenter un risque pour la santé. Selon les dernières connaissances disponibles, un tel risque pour la santé des consommateurs est peu probable, de l’avis de la BfR, car les particules de microplastiques utilisées dans les exfoliants et les gels douche sont beaucoup plus grandes que 1 micromètre (1 µm égal 0,001 mm). Avec des particules de cette taille, il ne faut pas s’attendre à une absorption par la peau saine et intacte si le produit est utilisé selon son utilisation prévisible. Même en cas d’ingestion de dentifrice, il faut partir du principe qu’en raison de la taille moléculaire, l’ingestion par le tractus gastro-intestinal ne se produit que dans une faible mesure et uniquement avec des particules de quelques micromètres seulement, et que la majorité des particules sont excrétées dans les selles. Il est peu probable que des quantités d’éthylène importantes pour la santé soient libérées par les particules de microplastiques de polyéthylène pendant leur passage dans le tractus gastro-intestinal.
Des recherches plus approfondies sur les microplastiques sont nécessaires pour obtenir des données fiables qui permettront de mieux estimer le risque qu’ils représentent pour la santé des consommateurs.
Existe-t-il des méthodes analytiques pour détecter les microplastiques dans les produits de consommation et les aliments ?
Il n’existe actuellement aucune définition uniforme des microplastiques et aucune méthode validée, c’est-à-dire généralement reconnue et testée, pour l’identification et l’analyse quantitative des microplastiques. La grande variété des plastiques rend plus difficile l’analyse qualitative (c’est-à-dire l’identification de la matière plastique) et en particulier quantitative (c’est-à-dire le nombre de microparticules mesurées) des microplastiques. Diverses approches analytiques pour déterminer et quantifier les microplastiques font actuellement l’objet de discussions scientifiques.
Les microplastiques peuvent-ils être un véhicule de transport pour d’autres substances indésirables ?
Il a été rapporté que des substances peuvent se fixer à des particules de microplastiques. Ces substances, par exemple les polychlorobiphényles (PCB) ou les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) peuvent interagir avec les particules de microplastiques en fonction de leurs propriétés physico-chimiques de surface. La question de savoir si l’absorption par ces particules de microplastiques, qui sont chargées de substances, peut réellement contribuer à l’exposition humaine n’a pas encore été étudiée. La question de savoir si les contaminants qui ont pu se lier aux cellules des particules peuvent être libérés à nouveau ou s’ils restent liés de façon permanente aux particules n’a pas non plus fait l’objet de recherches suffisantes.
Un modèle de calcul effectué par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA 2016) montre que l’ingestion quotidienne de PCB et de HAP par la consommation de particules de microplastiques contaminées dans les moules peut augmenter d’à peine 0,006 % pour les PCB et de moins de 0,004 % pour les HAP par rapport aux autres voies de consommation.
Source
• Microplastics: Facts, research and open questions, FAQ to the BfR, 5 juin 2019