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jeudi 6 mai 2021Produits

La baie de genièvre en parfumerie

La baie de genièvre en parfumerie

Jusqu’à présent, on ne devinait pas sa présence, mais elle faisait résonner ses touches délicates en accord mineur dans nombre de grands parfums, mais voilà que différentes marques (de luxe ou de niche) la jouent en majesté cet été. Sa naturalité épice des fragrances originales au caractère bien trempé !

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~ 4 minutes

Des effluves non genrés particulièrement tendance

Quand on évoque le genièvre, impossible de ne pas penser à ses baies noires qui parfument la choucroute ou à la fabrication du fameux gin. Très recherché des parfumeurs, ce sont ses mêmes baies que l’on distille à la vapeur d’eau pour obtenir une huile essentielle à la senteur poivrée, boisée et légèrement résineuse, avec une note champignon qui rappelle aussi l’odeur du gin. On utilise également (mais plus rarement) en parfumerie les rameaux de genévrier aux inflexions aromatiques. Les baies de genièvre apportent aux parfums des accents épicés fins et racés. Elles font partie des épices fraîches. Leurs effluves non genrés sont particulièrement tendance, même si jusqu’à présent on les trouvait surtout dans les parfums masculins.

C’est toujours le cas des dernières créations comme dans le nouveau parfum pour hommes Diesel Sound of The Brave qui sortira le 1er juin (30 ml, 48 € ; 50 ml, 59 € ; 75 ml, 67 € ; 125 ml, 89 €).

Festive ou terrienne

On retrouve la fraîcheur incisive des baies de genièvre dans quelques-unes des créations les plus remarquables du moment.

Ainsi, Diptyque et Chanel ont décidé de les mettre à l’honneur.
Le premier a choisi d’exprimer sa facette festive dans Orphéon (eau de parfum 75 ml, 135 €), une fragrance boisée, épicée, fleurie et non genrée bien sûr, qui rend hommage pour ses 60 ans au bar à l’effervescence joyeuse où les trois fondateurs de Diptyque aimaient se retrouver.
Situé à l’angle du 34 boulevard Saint-Germain et de la rue de Pontoise, il était littéralement accolé à la boutique Diptyque, si bien que quelques années plus tard le trio le racheta pour agrandir son espace. Aujourd’hui, le seul vestige qu’il en reste est une colonne bleue à facettes, située dans la boutique. Orphéon est le portrait olfactif de ce lieu, un songe composé par Olivier Pescheux qui rappelle un décor de bois et de velours (cèdre, vétiver, patchouli), les vapeurs d’alcool (baies de genièvre qui évoquent aussitôt le gin tonic que l’on y sirotait), les effluves de tabac (lentisque, galbanum, ciste), le sillage parfumé des femmes élégantes (ylang-ylang des Comores, magnolia de Chine, rose damascena turque) et des dandys (musc, ambre). Plus l’indispensable accident olfactif cher à la Maison : une splendide et vibrante absolue de jasmin sambac.

Chanel de son côté plonge dans la mystérieuse campagne écossaise avec Les Eaux de Chanel Paris-Édimbourg (eau de toilette 125 ml, 127 €, à partir du 1er juin). Y séjournant, Olivier Polge est frappé par deux odeurs caractéristiques : la baie de genièvre “saisissante et glacée” et le bois tourbé. De cette variation d’éclairage, cette tension entre fraîcheur incisive et obscurité chaleureuse, lui vient l’idée d’une eau à la puissance végétale aromatique, dans la tradition des colognes des gentlemen anglais. Il met en lumière les notes vives et typiques de baie de genièvre et cyprès, ajoute un soupçon de lavande, puis choisit le cèdre pour son confort enveloppant et le vétiver, pour ses accents tourbés et légèrement fumés. Il réchauffe enfin le sillage avec des notes de vanille et de muscs. Ainsi, la plus terrienne, androgyne et boisée des Eaux de Chanel devient une réalité. Sous sa froideur apparente, elle déploie des tonalités chaleureuses et réconfortantes. “Elle pourrait être le parfum d’une veste en tweed, empruntée au vestiaire masculin qui a tant inspiré Gabrielle Chanel”, précise Olivier Polge. “Sentie au retour d’une promenade, elle est empreinte des senteurs de la nature sauvage”. Son flacon aux allure de flasque d’alcool n’a jamais eu autant de sens ! Il révèle une fragrance vert lichen comme les paysages écossais.

Une fraîcheur singulière

On retrouve la petite musique piquante des baies de genièvre en accord majeur dans Clémentine California d’Atelier Cologne, une composition solaire, idéale en été (30 ml, 60 € ou 100 ml, 120 €), ou dans les deux nouvelles Eaux Fraîches de Nicolaï : l’Eau de Yuzu et l’Eau Mixte (30 ml, 42 € ; 100 ml, 126 € ; 250 ml, 252 €).
Dans la première, elles accentuent le caractère original de l’essence de yuzu (petit agrume japonais aux notes citronnées et acidulées). Dans la seconde, les baies de genièvre en cœur viennent dynamiser les agrumes (bergamote, citron de Sicile, pamplemousse), la menthe et le bourgeon de cassis.

La senteur aromatique des baies de genièvre apporte aussi son peps et sa modernité à différentes fragrances naturelles et écoresponsables comme Cobalt Amber d’Abel qui revisite l’ambre (eau de parfum naturelle 50 ml, 118 €), ou le parfum 004: Gin, Mandarine, Musc de Bon Parfumeur (30 ml, 38 € ou 100 ml, 82 €), un cocktail glacé et pétillant, réchauffé de patchouli.

Sa fraîcheur élégante éclabousse encore Mon Vétiver d’Essential Parfums (eau de parfum concentrée à 17 %, 100 ml, 72 €) créé par Bruno Jovanovic, une composition naturelle à 89 % et particulièrement vertueuse (matières premières issues de cultures certifiées “For Life”, alcool végétal de betteraves, absence de colorant ou de cellophanage, flacon en verre produit avec des énergies vertes, emballage en carton ondulé certifié FSC entièrement recyclable…) qui s’articule autour d’une essence naturelle de vétiver haïtien LMR (Laboratoire Monique Rémy à Grasse, un gage d’excellence).

Ariane Le Febvre
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