La lumière bleue est la nouvelle obsession qui agite la planète soin. La protection (antioxydante essentiellement) contre ce fléau du 21e siècle semble être la revendication du moment. Et nous n’en sommes qu’aux balbutiements…
Une lumière éminemment moderne !
La lumière bleue est une partie du spectre visible, dont les longueurs d’onde se situent entre 380 et 500 nanomètres. Elle est émise par le soleil, mais aussi par les sources lumineuses artificielles : ampoules LED et écrans (tablettes, télévisions, ordinateurs, smartphones).
La lumière bleue potentiellement dangereuse représente une petite partie seulement de l’ensemble de la lumière bleue existante : ce sont les longueurs d’onde bleu-violet inférieures à 450 nm. En effet, celles-ci provoquent l’apparition prématurée de rides et de taches sur l’épiderme et ce au même titre que les classiques rayons UV. Désignée sous le nom de HEV (Haute Énergie Visible), la lumière bleue se révèle pro-oxydante pour la peau, et même (c’est une information de dernière minute) délétère pour la mitochondrie (également nommées "batteries" des cellules, les mitochondries produisent l’énergie nécessaire pour assurer les fonctions biologiques cellulaires).
On savait que la lumière bleue était néfaste pour les yeux (elle est impliquée dans la DMLA), mais elle l’est aussi pour la peau ! Une exposition prolongée devant un écran peut être à l'origine de son vieillissement prématuré. Cette lumière visible artificielle a envahi notre quotidien et notre mode de communication sociale, nous contraignant à faire de plus en plus usage de tous types d’écrans. En toute logique, la cosmétique se rue sur ce nouvel ennemi à abattre !
La pollution de demain…
C’est à Garancia l’on doit le premier "vrai" soin visage anti-lumière bleue, lancé en décembre 2016 (Ma VAP Bien Aimée Vaporisation Aérienne de Beauté, 40 ml, 21,40 €). Il faut dire que c’est un des "dadas" de Gérard Redziniak , qui a présidé à la conception du produit. Fixatrice de maquillage, matifiante, antipollution, photoprotectrice naturelle, cette brume sans alcool, composée de 98 % d’ingrédients d’origine naturelle, dépose sur l’épiderme un film qui se comporte comme un tissu protecteur anti-agressions, tout en laissant parfaitement respirer la peau. Ce film limite la pénétration des substances polluantes et les dégâts causés par les particules invisibles : les PM 2.5. Mais c’est à un extrait de fleurs de buddleja (surnommé "arbre aux papillons" car son parfum les attire) que l’on doit les bénéfices anti-lumière bleue du produit. Ce photoprotecteur global naturel cible les différents effets nuisibles des rayons lumineux, quelle que soit leur origine : UV, IR et lumière bleue. Testé in vitro , il diminue de 43 % l’oxydation émise par la lumière bleue (du fait essentiellement de sa richesse exceptionnelle en phénylpropanoides concentrées en verbascoside et en échinacosides aux propriétés photoprotectrices). Cet extrait végétal ne remplace pas une protection solaire, mais limite les dégâts causés par les rayons lumineux dont la lumière bleue.
Réactions en chaîne…
Anne Marie Börlind vient de lancer une Huile pour le Visage 3 en 1 (30 ml, 34,50 €), avec un filtre innovant anti-lumière bleue, extrait du tagète (ou œillet d’Inde). À base d’huiles végétales inédites (Prinsepia, Kahai et Incha Inchi) qui nourrissent les peaux sèches et exigeantes, sa texture fine et pénétrante est particulièrement réussie.
Patyka propose également toute une gamme 1ers Signes de l’Âge (c’est cohérent, les peaux jeunes étant les plus exposées !) qui offre une protection globale à la peau, contre les agressions extérieures, les différentes formes de pollution et la lumière bleue, en réduisant notamment l’oxydation des cellules. Le produit star de cette ligne est la Brume Hydra-Défense Anti-Pollution (40 ml, 19,90 €), où l’on retrouve… la fleur de l’Arbre à Papillon (Buddleja officinalis) précitée !
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Les feuilles de cet arbre sont très concentrées en echinacoside et actéoside, un polyphénol 15 fois plus puissant que le resvératrol. Ils agissent en photoprotecteurs naturels qui aident la peau à lutter contre la pollution, les particules invisibles et la lumière bleue des écrans
", précise la marque du bio haut de gamme. Associé à de l’acide hyaluronique végétal, un bio-complexe marin, des baies de Goji et de l’eau cellulaire de cranberry, c’est un véritable bouclier urbain qui préserve la jeunesse de la peau.
On trouve également dans cette ligne un Gel Énergisant Yeux (roll-on 12 ml, 34 €), un Sérum Antioxydant Perfecteur (30 ml, 59 €) et une Crème Antioxydante Lissante (50 ml, 49 €).
Enfin, c’est au tour d’Uriage de proposer à partir de janvier Age Protect, une ligne de sept produits (Sérum Intensif Multi-Actions, 30 ml, 35 € ; Crème Multi-Actions, 40 ml, 30 € ; Crème Multi-Actions SPF 30, 40 ml, 32 € ; Fluide Multi-Actions SPF 30, 40 ml, 30 € ; Contour des Yeux Multi-Actions, 15 ml, 27 € ; Crème Nuit Détox Multi-Actions, 40 ml, 30 € ; Crème Nuit Peeling Multi-Actions, 50 ml, 32 €).
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Nous passons en moyenne six heures par jour derrière un écran. Plus pénétrante que les UV, la lumière bleue altère la barrière cutanée, augmente le stress oxydatif et les taches. Sans une protection adaptée et efficace, les taches pourraient devenir un problème de peau jeune
", déclare la marque. Cette fois, le complexe (breveté) fait appel à un extrait de sang du dragon, des nacres bleues, de l’eau thermale d’Uriage et des vitamines C et E. Deux gommes végétales forment une seconde peau qui s’accroche à la peau pour former une barrière protectrice.
Le nouvel enjeu cosmétique du futur
Soucieux de connaître les conséquences potentielles d’un tel environnement sur la peau, Gattefossé (fournisseur d’actifs cosmétiques et pharmaceutiques) a amorcé en collaboration avec Cytoo (entreprise spécialisée dans les biotechnologies et les modèles cellulaires)
une recherche de deux ans pour déterminer l’impact direct de l’exposition aux écrans sur la peau
. Un équipement spécial a été conçu par Gattefossé afin de recréer avec précision l’irradiance spectrale émise par les écrans. À l’aide de la technologie de micropatterning - une méthode qui permet de guider spécifiquement l’adhésion des cellules à la matrice cellulaire et leur confère une organisation standardisée - Cytoo a développé un test de criblage cellulaire haut contenu (HCS) qui allie le contrôle précis d’une culture de fibroblastes du derme humain et une analyse complexe des dynamiques de fusion et de fission mitochondriales par imagerie non invasive des cellules vivantes. Gattefossé et Cytoo ont regroupé technologie, expertise et savoir-faire pour explorer les effets de l’exposition à la lumière visible artificielle sur la modulation et la protection mitochondriales. Ils ont constaté que l’exposition aux écrans a un impact significatif sur la fonction et les dynamiques mitochondriales. La fragmentation du réseau mitochondrial, une diminution de la qualité du contrôle et une capacité plus faible de production de l’ATP (Adenosine TriPhosphate) ont pu être observées.
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En utilisant le modèle Cytoo, nous avons pu prouver que la lumière émanant des écrans a un effet hautement néfaste sur le réseau mitochondrial des fibroblastes cutanés. Nos travaux soulignent l’importance de mettre en œuvre une stratégie pour protéger la peau de ce type de lumière
", déclare Nicolas Bechetoille, responsable de la recherche en biologie cutanée chez Gattefossé. Les résultats de cette recherche ont été présentés à la Conférence de l'International Federation of Societies of Cosmetic Chemists (IFSCC) qui s’est tenue à Séoul du 23 au 25 octobre 2017. Parions que cette nouvelle vision des processus biologiques impliqués dans l’homéostasie cutanée n’a pas fini de faire parler d’elle…
Ariane Le Febvre