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lundi 12 mars 2018Produits

Parfums-soins, le futur de la beauté ?

Femme qui se parfume

En plus de mêler sensorialité et plaisir, on sait que les odeurs ont le pouvoir de déclencher certaines émotions et peuvent réveiller la mémoire. Selon Gérard Redziniak, expert scientifique en dermo-cosmétologie, le monde de la parfumerie n’a pas encore révélé tous ses mystères. Et s’il était possible de créer des parfums aux fonctions cosmétiques, avec des allégations identiques aux soins que nous utilisons actuellement ? Il nous livre son expertise sur la question.

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Se parfumer fait partie des gestes les plus routiniers que l’on connaisse. Pour beaucoup, cela relève de l’habitude. À travers cette action, que recherche-t-on ? Sentir bon, être à l’aise ou peut-être même séduire les autres. À aucun moment, on n’attend de son parfum qu’il rende la peau plus lisse ou qu’il agisse sur les rides.
Et pourtant, “c’est une piste qui demande à être creusée”, affirme Gérard Redziniak.

Une idée folle ?

Avant tout, il est important de comprendre qu’une odeur est une molécule qui se fixe sur un récepteur. Ce dernier envoie un message électrique au cerveau qui la décrypte.
Ce mécanisme est également régi par la mémorisation. Lorsque nous sommes petits, nous apprenons à associer des mots à des odeurs, cet apprentissage nous suit toute notre vie.

Un parfum qui a le même pouvoir qu’une crème antirides ? En voilà une idée alléchante et complètement fantasque.
En évoquant ce point, l’expert scientifique sourit. Pour lui, le concept n’a rien de fou, au contraire, il remonte aux origines mêmes du début de la vie.
Il y a 3,5 milliards d’années, avant même que l’homme existe, ce sont les odeurs qui ont permis aux cellules de se rapprocher. C’est ce que l’on appelle le toucher moléculaire.
Les odeurs permettent également la reproduction entre les espèces. Ce sont les phéromones qui guident les mâles vers les femelles. Cette molécule chimique induit une réaction biologique.
“Si les odeurs activent des actions au niveau du cerveau, pourquoi ne pas regarder au niveau de la peau”, questionne (de façon rhétorique !) Gérard Redziniak.

La peau a plus d’un tour dans son sac 

Les recherches scientifiques ont déjà démontré que la peau réagit à la lumière grâce aux kératinocytes. Ce sont des cellules constitutives de notre épiderme, indispensable à l’organisme et dotés aussi de récepteurs visuels.
En plus de permettre à la peau d’être un œil primitif, il a été prouvé récemment que les kératinocytes possèdent également des détecteurs olfactifs : ils sont capables de sentir !
“Grâce à eux, nous allons être en mesure de créer la cosmétique de demain. Ils sont formidables, fondamentaux. On devrait d’ailleurs les rebaptiser et les appeler Univer-Cell tant on leur doit tout”, s’enthousiasme Gérard Redziniak !
À l’heure actuelle, les chercheurs ne savent pas si le kératinocyte réagit à toutes les odeurs. La question offre une infinité de réponses.

Il est donc tout à fait possible d’imaginer des molécules parfumées qui vont agir sur les kératinocytes. Ces récepteurs cutanés pourront “ordonner” à l’organisme d’aider à calmer la peau ou d’avoir un effet antirides en provoquant la fabrication de collagène et d’élastine.
“La cosmétique olfactive est à portée de main, les odeurs ne seront plus seulement là pour apporter du plaisir, elles seront également les principes actifs”, poursuit l’expert.

Parfum-soin : kézaco ?

Concrètement, si un jour ce concept voit le jour, à quoi le consommateur doit-il s’attendre ? Une crème qui sent bon et dont le parfum agit sur la peau ou un parfum que l’on pulvérise directement sur la zone à traiter ? “Les deux sont tout à fait possibles et envisageables”, répond Gérard Redziniak. “Ce serait également une révolution dans la gestuelle de la routine de soin.
Le contact serait instantané, bien sûr. En revanche, l’action sur la peau ne serait pas immédiate, il faut du temps.
La forme galénique permettra à ces clés d’être plus ou moins en contact rapidement avec les serrures moléculaires portées par ces cellulesfondamentales que sont ces kératinocytes”
, poursuit-il.

La cosmétique de demain est inspirée des idées d’hier

Aussi futuriste soit cette idée, elle germe depuis bien longtemps dans l’esprit de Gérard Redziniak.
“Cela remonte à plus de 20 ans. À l’époque, je travaillais pour Estherderm et j’avais déposé un brevet qui s’appelait Odor’Activ. : des odeurs qui agissent par le biais du cerveau et qui ont une action antirides. De là, je me suis dit”mais c’est bizarre, ça agit sur le cerveau mais peut-être qu’on peut le faire directement au niveau de la peau”. Petit à petit, l’idée a fait son chemin et j’ai vu dans la littérature des chercheurs commencer à réfléchir sur les récepteurs sensoriels de la peau. En 2011, il y a eu les travaux de Shiseido qui démontrent qu’il y a des récepteurs oculaires dans la peau. Pourquoi la peau ne serait donc pas un nez primitif ? L’année dernière, une publication scientifique de recherche fondamentale a démontré que le kératinocyte porte des récepteurs olfactifs. En voyant cela, j’ai compris que la boucle était enfin bouclée. Le parfum peut être au-delà de l’émotion et peut avoir une activité physiologique. En partant du parfum, on peut créer des cosmétiques”, raconte-il.

Grâce aux recherches scientifiques et aux brins de folie qui animent les cosmétologues, il est tout à fait possible d’imaginer une cosmétique qui bouscule les codes, totalement novatrice.
Pourtant, Gérard Redziniak préfère prévenir qu’il ne faut pas s’attendre à trouver un tel produit dans le commerce à court terme. “Il faut une dream team olfactive, faire venir des gens autour de la table qui sont des bâtisseurs de structures odorantes comme des biologistes cellulaires et des chercheurs du CNRS. Ce n’est pas un travail de solitaire, au contraire. Maintenant, je jette cette idée en pâture en espérant qu’elle fasse écho chez mes pairs”, conclut-il.
À bon entendeur !

JS
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