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Cosmetic Days - Protection solaire
vendredi 23 septembre 2016Produits

Série noire pour les parfums de fêtes

© CosmeticOBS-L'Observatoire des Cosmétiques

Drôle d’oxymore… Le noir et la fête… L’adjectif noir (en français ou en anglais) gagne encore et toujours la parfumerie. Matières premières, flacons et/ou jus couleur d’encre prennent le virage de l’obscurantisme. Mais c’est quoi au juste un parfum noir ? Juste un mot purement marketing pour donner du mystère ou quelque chose d’un peu plus consistant ? Tentatives de réponses…

Temps de lecture
~ 5 minutes

C’est un exercice qui sied à l’hiver et aux fragrances opulentes (souvent orientales). Les éditions de parfums "noirs" sont forcément énigmatiques, un peu vénéneuses. Elles ont quelque chose de sulfureux qui intrigue. Et évoquent aussi en filigrane l’impression (subjective) d’un parfum plus intense.
On les a beaucoup vues déjà dans la parfumerie, à commencer par les plus grands (Coco Noir de Chanel, La Petite Robe Noire de Guerlain, Tom Ford Noir Extrême, Dahlia Noir de Givenchy, Noir Épices de Michel Roudnitska aux Éditions de Parfum Frédéric Malle, Aromatics in Black de Clinique, Serge Noire de Serge Lutens…), sans parler des parfums masculins.
Mais cette tendance de fond semble s’installer à nouveau pour la fin de l’année. On peut y retrouver de sombres ingrédients (rose noire, café, truffe noire, vanille, fruits noirs, patchouli, thé noir fumé Lapsang Souchong, bois d’oud, réglisse, chocolat…), des flacons ou des liquides couleur de nuit. Noirs au dehors et parfois (mais moins souvent) noirs au-dedans…

Les dernières créations

Inspiré par le célèbre trench noir de la griffe, My Burberry Black (Eau de parfum, 30 ml, 58 € ou 50 ml, 84 € ou 90 ml, 118 €) est un oriental floral qui allie la fleur de jasmin et le nectar de pêche à un cœur de rose et à un fond patchouli ambré. Le flacon en verre de couleur ambre profond et son bouchon façon corne orné d’un nœud en gabardine noire font écho aux détails du trench iconique.

Black Opium Wild Edition d’Yves Saint Laurent (Eau de parfum, 50 ml, 89 €, édition limitée) est une nouvelle interprétation "sauvage" de l’oriental gourmand. L’amertume de l’accord café utilisé ici en quantités importantes est contrebalancée par la féminité des fleurs blanches, la rondeur de la vanille, l’élégance des notes boisées (cèdre et patchouli).

Guerlain capitalise lui aussi sur le noir. D’abord en proposant pour les fêtes son nouvel opus de La Petite Robe Noire, encore plus gourmande et charnelle : une Eau de Parfum Intense ornée d’une "Robe Sous le Vent" (30 ml, 69,50 € ; 50 ml, 97 € ; 100 ml, 137 €). Avec une note de myrtille inédite qui se mêle à l’essence de rose de Bulgarie et à l’accord boisé santal-patchouli. Quant au mythique flacon "cœur inversé", il se teinte de bleu nuit.

Ce mois-ci, c’est dans la Collection L’Art et la Matière que l’on découvrira Néroli Outrenoir (Eau de parfum, 75 ml, 210 €, Les Exclusifs de Guerlain), un "tissu de paradoxes" car il n’y a pas de fleur qui contredise plus la noirceur que la pure et rayonnante fleur d’oranger ! Hommage assumé au peintre Pierre Soulages et à son "noir lumière", la fragrance joue surtout le registre des ingrédients ténébreux (seule la poire du flacon est noire) : notes de thé fumé, de mousse et de myrrhe, graine d’ambrette et bois sombres, sans oublier toutes les facettes de la fleur d’oranger (essences de néroli et de petit-grain, absolu de fleur d’oranger). Une merveille !

Mes nuits sont plus belles que vos jours…

Dans la même veine, Matière Noire de Louis Vuitton (Eau de parfum, 100 ml, 200 €, recharge 125 €) est lui aussi un contraste entre les bois sombres (patchouli, agarwood du Laos…) noircis encore par le cassis, mais illuminés par la blancheur du narcisse et du jasmin, une sorte de kaléidoscope olfactif.
Même dualité entre les fleurs blanches (jasmin, tubéreuse, lys…) et les bois voluptueux (patchouli, bois ambré…) pour Modern Muse Nuit d’Estée Lauder (Eau de parfum, 50 ml, 79,50 €).

Quant à La Colle Noire (un château non loin de Grasse, acquis par Monsieur Christian Dior en 1951, et récemment restauré par la Maison Dior) dans La Collection Privée de Christian Dior (Eau de parfum, 125 ml, 227 €), cette composition solaire rend hommage à la reine absolue du terroir grassois : la rose de Mai. Mêlée d’épices, de bois, d’ambre et de muscs, la reine des fleurs devient incisive.
La Nuit Trésor Eau de Parfum Caresse de Lancôme (30 ml, 56 € ; 50 ml, 75 € ; 75 ml, 88 €) est elle aussi une nouvelle expression de la rose (de la rose noire à la rose tendre), entrelacée d’un savoureux accord fève tonka et fleur d’amandier, puis enrobée de muscs blancs, doux et soyeux.

Les parfums Giorgio Armani célèbrent eux aussi les fêtes de fin d’année avec Sì Intense Night Light Edition (Eau de parfum, 50 ml, 94.50 €, en édition limitée et chez Marionnaud à partir du 24 octobre 2016). Les notes de vanille et de benjoin viennent à la rencontre des fruits noirs. Leur éclat sombre se reflète dans la noirceur intense du flacon laqué.

Gardons le meilleur pour la fin : Veilleur de Nuit de Serge Lutens (Parfum, 50 ml, 600 €, à partir d’octobre en grands magasins et parfumeries) est le septième parfum de la luxueuse Collection Section d’Or (aucune limite de prix pour cette collection). Senteur végétale de terre, accord de chocolat noir, tubéreuse, vétiver, musc… c’est sans doute une des plus belles créations de Serge Lutens. Laissons le mot de la fin à ce poète invétéré : " En nous, la nuit travaille. Mon veilleur s’y surveille. Sans trop savoir pourquoi, un trouble doux-amer fait son pouls palpiter "…

Ariane Le Febvre

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