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mardi 5 mai 2015Actualités

Le sillage d’un parfum

© 123rf.com / L'Observatoire des Cosmétiques

Le 2e congrès Olfaction & Perspectives organisé par la Cosmetic Valley, l’ISIPCA et la CCI Paris-Ile-de-France a entraîné ses participants dans le sillage du parfum. Définition du sillage, conditions pour le percevoir et méthodes à disposition pour le mesurer et l’optimiser ont été tracées par Christelle Porcherot, Senior scientist et Jean-Jacques Rouge, Parfumeur, tous deux chez Firmenich. Compte-rendu.

Temps de lecture
~ 4 minutes

Qu’est-ce qu’un sillage ?

Le sillage se définit, d’après le dictionnaire, comme l’odeur laissée derrière soi par un parfum.
Pour Christelle Porcherot du groupe Firmenich, il s’agit plus précisément de :
la perception d’un parfum portée par une autre personne ,
la perception de la trace d’un parfum portée par une personne dans la rue .
Dans les deux cas, il faut qu’il y ait des phénomènes de captures d’attention, de reconnaissances qui vont dépendre du caractère plaisant, de l’émotion ressentie, de la signature et de la familiarité avec le parfum.
Et la conférencière d’ajouter que la subjectivité s’en mêle, et qu’en fonction des codes culturels, du contexte et de l’expérience individuelle, il peut être apprécié ou pas d’en faire la remarque à la personne parfumée. Par exemple, en France, on l’évoque et on la reçoit comme un compliment, avec plaisir. Au Japon, il vaut mieux s’abstenir d’y faire allusion.

La perception du sillage

Pour percevoir un sillage, il faut que trois conditions successives aient lieu, du parfum émis et porté par une personne vers une autre qui va le (res)sentir :

 1/ L’émission des composés volatils de la source odorante
Le parfum, déposé sur la peau, les cheveux ou un vêtement, va s’épanouir, se construire, en fonction de son support d’application, s’évaporer au contact de l’air. Cette évaporation va dépendre des caractéristiques de volatilité (capacité à se vaporiser), de solubilité (capacité à se dissoudre, se diffuser) et du coefficient de partition (mesure de la solubilité différentielle dans deux solvants) de la source odorante.

 2/ Le transport des composés volatils et la dilution dans l’air
Ils sont indépendants des propriétés moléculaires et sont facilités par les turbulences et la convection (mouvements internes) de l’air.

 3/ La détection par les récepteurs olfactifs
Au terme de ce transport, les composés volatils entrent maintenant dans le champ de perception du système olfactif de la personne réceptrice, capable de discriminer des milliers de molécules odorantes par voie nasale ou rétronasale . Rentrent en compte alors des caractéristiques psycho-physiques propres à chacun, interagissant avec les autres sens, mesurables et quantifiables scientifiquement, comme le seuil de détection et la courbe dose-réponse.

Les méthodes de mesure

Plusieurs méthodes et instruments sont à disposition des chercheurs et des parfumeurs pour mesurer l’intensité du parfum perçue à une certaine distance. Mesures sensorielles, analytiques ou modélisations :

La méthode de défilé
Une personne-modèle portant un parfum défile devant un panel d’experts situés à environ 80 cm d’elle et ayant les yeux fermés. Quatre passages sont réalisés avant l’évaluation : avec deux modèles et deux répétitions par parfum.
L’avantage de cette méthode est d’être assez proche de la réalité, de la perception d’un parfum porté par une personne marchant dans la rue. Mais elle est assez peu reproductible : en fonction de la vitesse à laquelle se déplace le modèle portant le parfum, l’expérience sera différente.

La méthode de diffusion dans une cabine
L’expert est maintenant placé dans une cabine, dont on ouvre la fenêtre sensorielle : à 80 cm est située la source odorante à évaluer. Deux répétitions par parfum ont lieu.
À la différence de la méthode précédente, celle-ci présente l’intérêt d’être possiblement reproductible, mais l’expérience se modifie avec le temps (évaporation du parfum).

La méthode Pulscent®
Et la conférencière de présenter son instrument de mesure maison, développé par Firmenich : le Pulscent®.
Le protocole : du parfum est appliqué sur une lame de verre (support qui présente une évaporation similaire à la peau humaine) déposée sur une plaque chauffée à 32°C. On envoie ensuite une impulsion d’air sur la lame de verre. Les juges évaluent alors l’intensité de l’air parfumé à une distance de 80 cm de la source odorante.
Cette méthode combine les performances et résultats des autres méthodes, il s’agit d’un défilé sur peau qui est reproductible. Elle permet ainsi d’imiter le sillage dans des conditions contrôlées.

Pour le parfumeur, ces outils, mis à sa disposition, lui permettent d’avoir une connaissance de la performance des parfums déjà lancés sur le marché (déterminer ceux ayant un sillage peu prononcé comme la famille des floraux versus ceux ayant un sillage prononcé comme les orientaux) et des matières premières diffusives. Ainsi, lors de la création de nouvelles formules, il sera à même d’en optimiser le sillage pour répondre au mieux aux attentes des consommateurs.

HLH

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