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lundi 27 décembre 2010Bases

Patrick Beau, comme un test bien fait... par Spincontrol !

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Les tests le prouvent, nous dit-on, mais comment le prouvent-ils ? On a toujours un doute, n’est-ce pas ? Quels sont ces tests ? Quelle est leur fiabilité ? Quelle crédibilité accorder aux chiffres qu’ils affichent en gros sur les étiquettes de nos cosmétiques ? Réponse chez Spincontrol, que nous avons visité en compagnie de son Directeur général, Patrick Beau.

Temps de lecture
~ 14 minutes

Passez la porte de Spincontrol : vous entrez dans une atmosphère standardisée. Ici, hygrométrie, lumière, température… tout est sous contrôle, et toujours identique. Mieux encore, reproductible. Et quelles que soient les conditions climatiques qui règnent à l’extérieur, dans cette ville de Tours où sont situés les locaux français de ce laboratoire spécialisés dans les tests cométiques. Oui, qu’il pleuve, qu’il vente, que la ville croule sous la neige ou soit écrasée sous la canicule, ici, il fait toujours entre 20 et 21°C… entre autres critères régulés. C’est une des exigences techniques poussée à l’extrême (incluant la station météo installée sur le toit) mise au point pour que les aléas atmosphériques n’influent pas sur les résultats des tests, et c’est loin d’être la seule.

Créé en 1991 par Patrick Beau, Docteur en sciences, Spincontrol a commencé avec la seule technique de l’IRM (l'imagerie par résonance magnétique) pour proposer à toutes les entreprises intéressées les premières mesures d’hydratation de la peau, ce qui a fait l’objet d’une première publication scientifique.

Des tests de proximité

Très vite pourtant, l’entreprise concentre ses activités sur les cosmétiques, élargissant ses gammes de tests pour répondre aux demandes toujours plus spécifiques de l’industrie, mettant au point et brevetant de nouvelles technologies au fur et à mesure des besoins, allant jusqu’à créer une filiale en Asie (non, pas pour délocaliser !) pour être au plus près de ces peaux en quête de blanchiment qui font l’objet de toute l’attention des marques du secteur de la beauté aujourd’hui… Après une autre entité ouverte au Canada, Spincontrol oriente maintenant ses projets d’extension vers l’Inde, où les problématiques concernant la peau et les cheveux sont très spécifiques.

Mais pourquoi avoir besoin de cette proximité pour pratiquer des tests ? Parce qu’ici, on les effectue uniquement sur des personnes volontaires. Pas d’éprouvette à l’horizon, pas de "cellules de peau reconstituées", pas d’animaux non plus évidemment (les tests de produits cosmétiques sur les animaux sont désormais interdits par la réglementation européenne, on le rappelle), non, ici, on teste sur de vrais gens, et on mesure scientifiquement les effets des différents produits sur leurs peaux, leurs cheveux, leurs ongles, leur tour de taille, la profondeur de leur rides…  Avant/Après… mais avec des procédés à la pointe de la technique, et le plus souvent brevetés.

Le choix des volontaires

Pour Spincontrol, la première étape d’un test fiable et sérieux passe donc par le recrutement de volontaires. Il faut en moyenne 20 à 30 personnes pour réaliser une étude, mais pas n’importe lesquelles, et pas les premières venues.

Le bon profil
Conditions de base : les volontaires doivent tous être majeurs, ne pas souffrir d’allergie, ne pas être sous traitement médicamenteux… Mais chaque produit, chaque revendication à argumenter demande de plus des profils très particuliers. Il faut par exemple des femmes à la peau mixte ou grasse pour évaluer l’effet matifiant d’une crème, des personnes qui perdent leurs cheveux pour juger de l’action d’une lotion antichute… Et la constitution du groupe test n’est pas toujours si facile.
Cela dépend d’abord du type de produit : " On n’a jamais de problème pour trouver des volontaires intéressés pour tester le maquillage ou les mousses de rasage, précise Patrick Beau, c’est nettement moins facile pour les after-shave alcoolisés qui n’ont plus la cote aujourd’hui auprès des hommes… ».
Et la tâche est encore compliquée par les exigences des marques qui commandent les tests et ont tendance à multiplier les critères. Allez trouver, par exemple, un quota suffisant de femmes à "la peau claire entre 25 et 35 ans présentant une peau sensible et réactive au niveau visage", ou de personnes "concernées par des mycoses entre les orteils (en particulier au niveau de l'espace entre les 2 plus petits orteils) se manifestant par des petites fissures, rougeurs et démangeaisons", ou encore de jeunes mamans ayant un bébé de moins de trois mois et présentant au niveau du ventre des vergetures récentes… et qui ont n’ont rien d’autre à faire que de venir tester des cosmétiques !

La disponibilité
Car être volontaire n’est pas de tout repos, et demande de la disponibilité. Il faut d’abord s’inscrire, remplir (en compagnie d’une esthéticienne) une fiche de renseignements très détaillée prenant en compte plus de 130 critères puis, quand son profil correspond aux demandes d’une étude, venir aux différents rendez-vous : d’abord pour prendre les produits et les instructions d’utilisation, puis pour permettre de mesurer les résultats après une ou plus souvent plusieurs périodes de temps données. Il faut encore venir remplir le questionnaire d’auto-évaluation (seul et dans les locaux de Spincontrol, pour éviter toute dérive générée par d’éventuels avis extérieurs) à la toute fin du processus…
Sachant que tout cela n’est pas des plus rémunérateurs puisqu’il n’y a pas de salaire à la clé, mais seulement un "dédommagement" à chaque visite… en plus bien sûr de quelques cométiques gratuits.

" On ne triche pas, souligne Patrick Beau. On dispose aujourd’hui à Tours d’une base de données comprenant 15 000 personnes volontaires, et on consacre le temps qu’il faut à rechercher les profils exacts à chaque nouvelle étude. Cela mobilise 4 à 5 personnes à temps plein, il faut parfois 2 000 appels téléphoniques pour trouver les 20 volontaires qui correspondent aux critères et au planning des tests" .
Car bien sûr, autre contrainte non négligeable : les laboratoires de cosmétiques voudraient toujours imposer des délais très courts et disposer de leurs résultats à peine l’étude commandée !

La fiabilité
Il faut donc jongler entre les contraintes imposées par les services marketing et celles générées par la gestion des volontaires. Car correspondre au profil et être disponible ne suffit pas toujours. Les affichettes à l’entrée du laboratoire comme la Charte du Volontaire disponible sur le site Internet de Spincontrol soulignent assez le principal écueil dans la bonne conduite d’un test jusqu’à sa fin, et Patrick Beau le confirme : " Les plus gros problèmes que nous rencontrons avec les volontaires relèvent de leur inexactitude aux rendez-vous. Retards ou annulations sans prévenir sont fréquents… et perturbent tout le processus de l’étude. Il faut comprendre que nous sommes dans une démarche scientifique. Les volontaires doivent en être conscients, et se montrer responsables dans leur engagement envers nous" . Mais comme ce n’est pas toujours le cas, Spincontrol prévoit systématiquement un panel de volontaires un peu plus large que nécessaire, pour pallier les immanquables défections en cours de route.

L’honnêteté est aussi un gage de fiabilité des résultats, tant dans l’établissement de son profil (dont les données restent bien sûr confidentielles) que dans le respect des conditions imposées durant l’étude. Ainsi, les personnes qui testent les produits amincissants doivent s’engager à ne pas faire de régime pendant cette période : tout volontaire perdant plus de 1,5  kg est systématiquement sorti du processus…

L’univers du reproductible

Rigueur et respect des procédures jusqu’au moindre détail sont ainsi les maîtres-mots qui dirigent l’activité de Spincontrol. Et cela vaut encore davantage pour les différentes techniques utilisées pour chaque type de test.
Car aujourd’hui, le laboratoire tourangeau est largement sorti de la seule IRM. Pour chaque produit, pour chaque revendication à prouver, il dispose d’outils spécifiques et adaptés… et quand il ne les a pas à disposition, il les invente ! Et on ne compte plus ici les systèmes développés en interne.

Des innovations brevetées
Ainsi, le bon vieux centimètre pour évaluer l’affinement d’un tour de cuisse dans le cadre d’un test de produit amincissant est relégué aux oubliettes. Ici, c’est le laser qui mesure, sans contact avec la jambe (et donc sans risque de pression pouvant fausser les résultats), dans un appareil spécial tout récent et en attente de brevet. Précis et incontestable.
Dans le même ordre d’idées, il a fallu des mois de travail pour mettre au point un échographe capable de mesurer l’épaisseur d’un tissu adipeux sans nécessiter de pression sur les zones molles… mais l’appareil aujourd’hui, alliant technicité et système D (jusqu’au simple tabouret permettant de maintenir la sonde dans la position idéale), permet de dresser une cartographie ultra précise d’une cuisse et des mesures au millimètre près…

Un logiciel spécial permet encore de repérer les taches pigmentaires de la peau, de mesurer leur surface, leur périmètre, leur couleur et même le floutage au bord des taches : il a été conçu spécialement pour les produits de blanchiment de la peau.

C’est également Spincontrol qui a adapté et proposé la technique de la projection de franges : par un jeu de projection de lumière sur une surface plane, on peut visualiser précisément les ombres, les lignes, les surfaces, et enregistrer leurs déformations pour les analyser.
Que faut-il pour cela ? Un projecteur perfectionné, une caméra numérique 3D haute résolution, un ordinateur puissant et un logiciel de calcul des coordonnées tridimensionnelles… tous totalement conçus ou adaptés ici pour les tests cosmétiques.
Et à quoi cela sert-il ? À mesurer exactement la profondeur d’une ride (en lieu et place des anciennes empreintes en silicone), à évaluer l’importance d’une poche sous un œil, à quantifier la perte de volume d’une cuisse, d’un ventre ou d’une hanche comme l’augmentation de celle d’un buste ou les variations de l’ovale d’un visage. Avec la projection de franges, on atteint une précision de mesure du relief cutané jusqu’à 5 microns…
"Tout cela demande beaucoup de temps et d’argent, une excellente maîtrise des techniques et beaucoup d’imagination, explique Patrick Beau, mais c’est indispensable pour répondre à toutes les demandes de nos clients" .

Des conditions identiques pour des mesures comparables
Mais la technicité ne serait rien sans la reproductibilité. Pour être utilisable et pertinente, il faut en effet que chaque mesure, même à plusieurs jours ou plusieurs mois de distance, soit effectuée exactement dans les mêmes conditions et avec les même paramètres, pour pouvoir être mise en regard des données témoins ou des différentes évolutions en cours de test.

C’est ainsi qu’un plateau tournant a été inventé pour les mesures du corps : le volontaire, bien positionné dans les mêmes repères, n’a ainsi pas à bouger pendant la séance d’analyse.
Le banc de contention des ophtalmologistes a été adapté pour permettre les mesures d’un visage ainsi toujours à la même place et dans la même position (le tout étant contrôlé par laser).
Les photographies sont prises dans des conditions de lumière dont le filtrage, l’intensité et la réflexion sont toujours identiques, sur fond noir (les volontaires étant aussi revêtus d’une cape et les cheveux couverts d’une charlotte noires pour éviter toute interférence), les mires des caméras sont recalibrées à chaque prise de vue : cela permet des mesures inédites de la brillance (pour les produits matifiants) ou de la couleur de la peau (pour le maquillage ou les produits de dépigmentation) : " On ne fait pas de la photographie d’art, sourit Patrick Beau, mais toutes ces procédures permettent des mesures et des résultats incontestables ".

Et pour être sûr que toutes ces procédures sont suivies à la lettre, même si elles demandent beaucoup de temps et de technicité aux opérateurs, des contrôles qualité sont régulièrement organisés en interne, et les employés audités pour s’assurer qu’ils ne dévient pas des process à respecter.

Le CLCT ou le facteur humain
Tout est donc technique, informatisé, logiciellisé, standardisé et scientifique ici ? Oui. Même quand l’homme (ou la femme) devient l’outil d’évaluation.

Il manquait en effet un moyen de mesurer l’éclat du teint et ses variations. Qu’à cela ne tienne ! Un groupe de travail et quelques investissements dans la recherche ont abouti à la création de la technique du CLCT, entendez : "Couleur, Luminosité, Clarté, Transparence", les quatre paramètres à évaluer pour en juger.
" Tout est basé sur le sensoriel , explique Patrick Beau. Nous avons créé une expertise en métrologie sensorielle, et ce sont des experts extérieurs au laboratoire qui sont aujourd’hui capables d’analyser ces paramètres, après une longue formation pour que chacun soit aussi constant dans ses appréciations qu’une machine pourrait l’être. Nous sommes les seuls au monde, et depuis maintenant 10 ans, à maîtriser cette technique ".

Du scientifique à l’allégation marketing

Une fois les tests effectués (environ 250 par an rien que dans l’unité de Tours), reste à transmettre leurs résultats aux marques de cosmétiques qui les ont commandés. Et ce sont elles, et plus exactement leurs services marketing, qui vont se charger d’en tirer l’argument le mieux à même de convaincre le consommateur de l’intérêt d’acheter leur produit… à la performance désormais prouvée. Ou comment passer de la donnée brute au slogan qui fait vendre…

Pas de biais, des stats !
Au départ du processus, donc, toute la rigueur et l’éthique de Spincontrol.
Une démarche qui évite d’abord au maximum tous les biais pouvant fausser les résultats : les produits sont reconditionnés avant d’être confiés aux volontaires chargés de les tester pour éviter tout a priori sur une marque et tout effet psychologique ou placebo, les responsables du laboratoire eux-mêmes ignorent tout de la formule des produits (mais s’assurent toujours de la conformité du certificat établi par un expert toxicologue assurant de leur innocuité) et parfois même la marque dont il est originaire (particulièrement quand la commande de test émane d’un grand laboratoire cosmétique détenant plusieurs marques…).
Quant à l’auto-évaluation des résultats par les volontaires, Patrick Beau est affirmatif : "Les volontaires sont de plus en plus difficiles, et même bien plus dures que les acheteuses, qui, quand elles ont dépensé 60 euros dans une crème antirides, ont envie de justifier leur achat. Les volontaires n’ont rien à justifier, elles sont de ce fait plus objectives. Et le plus souvent, les auto-évaluations confirment les résultats cliniques ".

Une éthique qui s’exprime jusqu’à la fourniture des résultats : "Je suis connu pour mon intégrité redoutable, affirme Patrick Beau. Je livre toujours des résultats bruts, statistiques, sans états d’âme, sans visée marketing… et quels qu'ils soient".

Petits arrangements avec les chiffres
Ce qui n’empêche pas les services marketing de vouloir ensuite les utiliser au mieux de leur intérêt… même s’ils ne sont d’abord pas toujours satisfaits des chiffres annoncés : "Moins 10 % de profondeur de rides en 2 mois, c’est déjà un très beau résultat, explique Patrick Beau . Même si le chiffre semble trop faible au marketing pour être exploité tel quel. Il faut souligner qu’en la matière, la mesure brute est moins importante que le contraste constaté sur la peau. Et moins 10 %, ça peut commencer à se voir, même si ça se mesure en microns… ".

Tout de même, "10 % de rides en moins" reste un argument peu vendeur. Aussi les allégations se tournent plutôt vers les chiffres… les plus favorables de l’étude. Décodage de Patrick Beau : "Dans la présentation des résultats statistiques, on prend toujours en compte la majorité des résultats, suivant le principe de la courbe de Gauss. Mais si pour le plus grand nombre de femmes, on enregistre une diminution des rides d’environ 10 %, on a pu constater au cours du test une femme pour laquelle le chiffre brut monte à – 25 % voire plus. Et les laboratoires peuvent alors tout à fait revendiquer ‘jusqu’à 25 % de rides en moins'… Le marketing ne triche pas : il utilise seulement les chiffres qui leur sont les plus favorables…" . Une option qui n’est pas si rare, si on regarde bien les étiquettes des produits cosmétiques…

Au-delà des chiffres
C’est qu’un test d’efficacité a un coût (de 7 000 à 100 000 euros pour un produit antirides, en fonction des techniques utilisés et de l’importance du panel de volontaires, et 15 000 à 20 000 euros en moyenne) : il faut bien rentabiliser l’investissement. Et même si Patrick Beau pointe le fait que l’efficacité ne fait pas tout : " Un cosmétique est d’abord un produit hédonique. Le premier plaisir qu’il procure vient de l’acte d’achat, dans ces lieux si particuliers que sont les parfumeries. Le deuxième plaisir est éprouvé à l’ouverture, quand on respire sa fragrance : on sait que les huiles essentielles qui composent le parfum peuvent avoir une influence sur le psychisme, qu’elles soient dynamisantes ou apaisantes, par exemple… Le troisième plaisir est le toucher, la sensation ressentie au contact de la texture du produit. Le quatrième, c’est le bien-être de la peau qui perdure pendant quelques heures après l’application… Si en plus, après 3 mois d’utilisation, on constate un effet sur les ridules, c’est un plus ! Mais c’est peut-être moins important que le fait de se sentir bien grâce au produit tout au long de ses trois mois… ".

Oui, c’est vrai, et Patrick Beau insiste sur ce point : on sait que les cosmétiques ont une influence sur notre moral. "Le maquillage, du fait de la variation de la couleur de la peau et de l’uniformité du teint qui fait paraître plus jeune, diminue par deux les facteurs de stress" , cite-t-il. Alors… à quand un indice du bien-être dû au cosmétique, développé par Spincontrol ?

Pour aller plus loin
Le site Internet de Spincontol

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