Rédactrice en chef depuis 1996 du mensuel Rebelle-Santé, dédié à la santé naturelle, Sophie Lacoste fait figure de pionnière dans ce domaine. Convaincue depuis toujours qu’il n’y a pas que la médecine conventionnelle pour prendre soin de soi, elle a fondé son propre journal et explore depuis plus de 20 ans les différentes facettes de la santé naturelle (bien-être, nutrition et bien sûr, cosmétiques !). Portrait.
Journaliste depuis toujours, Sophie Lacoste a montré dès le début de sa carrière un vif intérêt pour les questions de santé.
Cette curiosité lui vient sans doute des épreuves qu’elle a connues dans sa jeunesse.
“J’ai perdu mes deux parents de maladie, mon père quand j’avais 7 ans et demi et ma mère, peu de temps avant mes 18 ans. Elle a essayé de se soigner autrement. Elle avait lu un livre de Carl Simonton sur la visualisation et s’était mise à la macrobiotique. À ce moment-là, sa maladie avait opéré une rémission incroyable”, raconte la journaliste.
Dans les années 80, le corps médical est assez réticent aux méthodes de soins alternatifs. “Ma mère a donc tout arrêté, son cancer a regagné du terrain et cette fois, l’issue a été fatale. Forcément, des épreuves comme celles-ci interpellent et font émerger des questions. Alors, j’ai eu envie d’essayer de trouver des réponses et de les partager, au maximum”.
Jeune journaliste, Sophie Lacoste voulait “sauver le monde”. Se rendant compte que la tâche risquait d’être un peu compliquée, elle se rapproche du Rédacteur en chef de TV Magazine, supplément hebdomadaire des quotidiens régionaux, et lui propose de créer une rubrique santé. Au bout de trois mois de réflexion, il accepte.
Très rapidement, ses articles connaissent un vrai succès. De plus en plus de lecteurs lui écrivent et la sollicitent sur des questions laissées sans réponse par leurs médecins.
“Je me souviens d’une dame qui m’avait écrit pour me parler d’un problème d’acouphènes. Son médecin lui avait dit qu’il n’y avait rien à faire, sauf que ça la rendait folle. Alors, j’ai fait des recherches et j’ai trouvé que le Cimififuga (ndlr : une plante) pouvait être d’une grande aide”, raconte-t-elle.
Comme la rubrique santé de Sophie Lacoste dans TV Magazine a un espace limité, elle décide de lancer son propre magazine afin de récupérer et de partager au maximum des informations sur des remèdes naturels et sans effets secondaires.
En 1996, elle inaugure le premier numéro de Rebelle-Santé, en noir et blanc et constitué de 16 pages. Il s’appelait alors “Le Journal de Sophie Lacoste”.
Un magazine pas comme les autres
“Au début, je savais que j’étais à contre-courant, mais j’étais convaincue du bien-fondé de ce magazine. D’autant qu’à l’époque, il n’existait aucun titre de presse de santé alternative et naturelle qui répondait aux interrogations de toutes les personnes qui ne se sentaient pas représentées”, défend Sophie Lacoste. “Je sais que l’homéopathie, par exemple, a des détracteurs incroyables. Pourtant, si ça fonctionne, à qui cela fait-il du mal ? Pourquoi ça dérange ? Ce n’est pas parce que la science ne sait pas tout expliquer que les choses n’existent pas”.
Sophie Lacoste a pensé son mensuel comme un grand panier dans lequel les lecteurs piochent ce dont ils ont besoin, en fonction de leurs maux, de leur état et de leur envie.
Le but est de leur permettre de reprendre un peu le contrôle sur leur santé, sans risque, bien sûr.
Elle défend un “certain retour à la simplicité. Parfois, on essaye de se soigner avec de l’artillerie lourde alors qu’il suffit d’un rien. Par exemple, l’un de mes fils avait de l’herpès. Au fil de mes recherches, j’ai découvert que lorsqu’on ressent les signes avant-coureurs d’une poussée d’herpès, il suffit de frotter un morceau de rhubarbe pour éviter que le bouton de fièvre ne sorte. Quand on sait à quel point cette affection peut-être handicapante pour certains, ce serait dommage de ne pas partager des remèdes aussi simples. Bien sûr, on ne peut pas s’attendre à ce que ces remèdes marchent sur tout le monde, l’important est juste de comprendre que parfois, on peut se soigner autrement qu’à grand renfort de médicament”.
Attention, à tous ceux qui pensent que Sophie Lacoste est une sorte gourou anti-médecine, ce n’est pas le cas !
Il ne s’agit pas de dresser son lectorat contre le corps médical, mais plutôt de faire réfléchir à la façon dont on aborde son corps. “Je reconnais l’importance de la médecine conventionnelle, je ne suis pas folle. Heureusement que l’on peut se soigner et que la science progresse de jour en jour. Mais simplement, avant de se jeter à corps perdu dans la médecine de synthèse, on peut essayer des méthodes plus douces et plus saines”, nuance-t-elle.
L’humain : nerf du projet éditorial
“L’échange est primordial”, affirme Sophie Lacoste. C’est la raison pour laquelle elle laisse autant la place à ses lecteurs. Rebelle-Santé est l’occasion pour eux de se confier, témoigner et aussi de se conseiller.
Bien souvent, ils s’écrivent entre eux, se donnent des nouvelles et se soutiennent dans les épreuves qu’ils traversent. “C’est un peu comme un feuilleton et c’est très agréable de se connecter avec des personnes d’ici et d’ailleurs”, s’enthousiasme-t-elle.
L’engagement sociétal est également important pour Sophie Lacoste.
Les lecteurs pourront trouver, dans le numéro de mars 2018, un article sur le mouvement “Nous voulons des coquelicots” lancé par Fabrice Nicolino (appel à la résistance pour l’interdiction de tous les pesticides).
“Relayer des informations de ce genre permet d’informer les gens et leur rappeler qu’on peut faire bouger les choses. C’est une autre façon de prendre soin de soi”, soutient-elle.
Finie l’époque où Rebelle-Santé ne comptait qu’une quinzaine de pages et était imprimé en noir en blanc.
Depuis 1996, ce mensuel réunit une communauté croissante de lecteurs. Et aujourd’hui, son magazine explore toutes les facettes de la santé, y compris celle de l’environnement, mais aussi du bien-être et de la consommation responsable sous toutes ses formes, avec de nombreuses rubriques pour reprendre le contrôle sur son mode de vie. Jardinage, soins des animaux, bricolage et recettes, de cuisine sans gluten ou de cosmétiques à faire soi-même, sont au sommaire de chaque numéro !
“Au début de ma carrière, on me surnommait la Folle des Plantes parce que je parlais de phytothérapie et de santé naturelle. Aujourd’hui, je constate que ces domaines s’ancrent dans le quotidien de plus en plus de personnes. Je n’étais pas si folle que ça, finalement !,” s’amuse-t-elle.
Visionnaire, vous-avez dit visionnaire ?