Dans le cadre de la révision du Règlement CLP, la Commission européenne propose de classifier une substance multi-constituants sur la base du danger de l’un (ou plusieurs) de ses constituants, même si les mêmes propriétés ne se retrouvent pas dans la substance en elle-même. Les huiles essentielles seraient affectées au premier chef par cette nouvelle règle, et ce alors que leur “effet totum” existe bel et bien. C’est ce qu’ont voulu montrer Sophie Fouyet, de Yslab et Mathilde Hagège, des Laboratoires Léa, lors des Aromadays organisées par Cosmed et le Consortium HE fin 2022.
Nul ne peut ignorer l’omniprésence de la problématique des perturbateurs endocriniens dans l’actualité, ni le fait que les huiles essentielles entrent souvent dans les débats qu’ils suscitent. Et c’est trois ans de réflexion, de tests et d’échanges sur cette thématique que les intervenantes ont voulu partager.
Le contexte
La controverse a commencé en 2007 avec un article de Henley et al, qui rapportait l’apparition de gynécomastie (hypertrophie du tissu glandulaire mammaire) chez les garçons utilisant des produits de soin à base d’huile essentielle de lavande et d’arbre à thé.
Le Consortium HE avait alors montré que les cas cliniques rapportés par Henley n’avaient pas démontré de lien direct entre les gynécomasties et l’utilisation des huiles essentielles. De plus, l’étude in vitro sur un modèle de cellules mammaires n’appartenant pas au système endocrinien montrait uniquement une modulation hormonale sans effet délétère. Et en 2017, le CSSC confirmait que le lien de causalité entre les cas de gynécomastie et les HE n’était plausible.
Cela n’a pas empêché la reprise de cette étude par la presse grand public en 2018, avec des titres des plus alarmants ciblant ces deux huiles essentielles.
En 2019, les résultats d’une étude in vitro de Ramsey sur cette …