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Cosmetic Days - Protection solaire
lundi 30 janvier 2017Portraits

Christophe Rousselle, membre du CSSC

© CosmeticOBS-L'Observatoire des Cosmétiques

Il se rêvait vétérinaire, il est toxicologue. Il a publié une thèse sur l'étude du passage des médicaments au travers de la barrière hémato-encéphalique, il fait aujourd'hui la pluie et le beau temps dans le ciel des ingrédients cosmétiques. Christophe Rousselle est au cœur de son troisième mandat au CSSC. CosmeticOBS-L'Observatoire des Cosmétiques l'a rencontré.

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~ 17 minutes

Les Opinions qu'il élabore avec ses collègues experts au sein du CSSC (Comité Scientifique européen pour la Sécurité du Consommateur) suite à l'évaluation de la sécurité des ingrédients cosmétiques sont très attendues, souvent redoutées par l'industrie. Christophe Rousselle, pourtant, a tout sauf la grosse tête. Il reçoit très simplement dans une petite salle de réunion impersonnelle de l'ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail), où il dirige aujourd'hui l'unité d’évaluation des risques des substances chimiques. Le CSSC ? "Quand on le voit de l'extérieur, on se dit que ça doit être quelque chose ! Mais quand on est au Luxembourg, l'image change… ça n'a rien d'extraordinaire !", dit-il. Quand même, on est curieux de savoir comment ça se passe, à l'intérieur… Alors, sans se faire prier, il raconte.

Du chien à piquer à la sécurité des cosmétiques

Christophe Rousselle est un homme discret. Très prolixe dès qu'on aborde les questions de pénétration cutanée, d'exposition agrégée ou de sécurité des travailleurs, il se fait plus réservé pour parler de lui-même.
Tout de même, on sait qu'il a aujourd'hui 44 ans, et que, si finalement il n'a pas fait une carrière de vétérinaire, c'est qu'il s'est rendu compte assez vite que les réalités du métier ne lui conviendraient pas : "Quand on est à l'école véto, tout va bien, on peut faire des soins sans regarder combien ça coûte. Alors qu'assez vite en cabinet, on doit trancher entre soigner un chien qui a un cancer pour 1 000 euros ou bien le piquer. Plus que de soigner des animaux, vétérinaire, c'est faire de la psychologie avec leur propriétaire", explique-t-il. "Et puis, en termes scientifiques, il n'y a pas d'échanges…".
Et ça, c'est peut-être ce qu'il y a de plus rédhibitoire pour lui, qui dit aujourd'hui tant apprécier les discussions contradictoires et les débats sur les points toxicologiques, le travail d'enquête à la recherche des publications qui vont lui permettre de construire un argumentaire cohérent, la fréquentation des autres experts et la démonstration d'un point de vue… Non, être tout seul derrière un ordinateur, ça ne l'intéresse pas non plus !

L'Afssaps ? J'ai postulé, et puis voilà…

Alors, deux ans après sa thèse, il intègre l'Afssaps (ex-ANSM). "Ce sont des concours de circonstances", explique-t-il, "j'avais eu pas mal de cours pendant le DU et des contacts pendant la thèse avec des gens de la cosméto, et je trouvais que le travail qu'ils faisaient était intéressant. Alors quand il y a eu une annonce pour travailler sur les ingrédients cosmétiques, je me suis dit : pourquoi pas ? J'ai postulé, et puis voilà. Au départ, je n'y connaissais rien".

C'est là qu'il a ses premiers contacts avec le CSSC : "C'était le début de l'unité cosmétiques à l'Afssaps, il y avait juste trois personnes et pas de toxicologue pour mettre en place le groupe ingrédients, groupe miroir de celui du CSSC. Mon travail à l'époque a été de lire les opinions du Comité européen, de les décortiquer, de les discuter avec des experts, de les faire passer devant la Commission de Cosmétologie, pour envoyer les remarques de l'Agence française au secrétariat de la DG SanCo".
Il travaille alors sur les éthers de glycol, le phénoxyéthanol, le formaldéhyde, l'aluminium…
"On préparait les dossiers en suivant les Notes of Guidance du CSSC, on les envoyait, on récupérait les commentaires, et éventuellement on les critiquait… À l'époque, j'étais de l'autre côté ! J'avais le regard du CSSC, mais de l'extérieur".

L'AFSSET ? Ça s'est fait comme ça…

Mais Christophe Rousselle n'est pas du genre à s'enfoncer dans une routine, si motivante soit-elle. Et trois ans plus tard, il quitte l'Afssaps. "Ce qui m'intéressait vraiment, c'était la toxicologie, et le médicament (il y a plus de choses en termes de tox du médicament, c'est plus poussé). En toxico cosmétique, on traite surtout des problèmes d'irritations, d'allergies. C'est vrai qu'avec les éthers de glycols ou le formaldéhyde, je ne me suis pas ennuyé, mais au bout d'un moment, j'ai eu envie d'élargir un peu. Et j'ai été démarché pour l'AFSSET (Agence française de sécurité sanitaire de l'environnement et du travail), au moment où l'Agence démarrait. J'ai passé un entretien et ça s'est fait comme ça. Je suis passé à autre chose, à l'environnement, et là, ce que j'ai trouvé surprenant, c'est que ce sont quasiment les mêmes sujets qui reviennent : même encore aujourd'hui à l'ANSES, on travaille sur le formaldéhyde, sur les parabènes, sur le dioxyde de titane, sur le D5 et le D4… La moitié des substances qu'on voit au CSSC, moi, je les traite ici mais sous l'angle soit du risque professionnel, soit de la classification, soit de REACH, donc il y a vraiment une cohérence quand on fait de la tox. Vu de l'extérieur, ça peut paraître assez décousu, mais finalement, le travail au quotidien se rejoint".

Aujourd'hui, après sa fusion avec l'AFSSA, l'AFSSET est devenue l'ANSES. Christophe Rousselle y est encore, mais… pas toujours. Car une partie de son temps est consacrée depuis sept ans à son travail d'expert européen.

Le CSSC ? Je n'étais pas très confiant, mais j'ai été pris…

"Même quand j'ai quitté l'Afssaps", explique-t-il, "les cosmétiques m'intéressaient toujours. C'est un domaine passionnant et je trouvais un peu dommage en arrivant à l'AFSSET où on travaille sur des substances chimiques et leur impact sur l'environnement, de perdre cet aspect d'expertise. Quand il y a eu l'appel à candidature du CSSC, l'AFSSET, qui venait d'être créée, voulait être reconnue au niveau européen, et on nous incitait à postuler. Je l'ai donc fait au moment du renouvellement du CSSC, en me disant que ce serait drôle de me retrouver de l'autre côté. Je n'étais pas très confiant et je pensais que je ne serais pas pris. Je me disais que ça devait être hyper difficile… Mais j'ai été pris, et puis mon mandat a été renouvelé… et j'y suis encore aujourd'hui".

Hasard, concours de circonstances fortuites… pour un peu, Christophe Rousselle invoquerait les bonnes fées pour expliquer son parcours vers les plus hautes instances de la sécurité cosmétique. La suite de l'entretien montre comment ses compétences et son expertise ont quand même dû peser bien davantage…

Une vie d'Opinions

Il arrive donc dans le saint des saints, découvre la vie intime du Comité : les réunions plénières qui ont lieu environ trois fois par an, les rapports préparés en amont dans les groupes de travail…
Pour son premier mandat, il intègre le groupe Colorants capillaires : "J'ai d'abord choisi ce groupe parce que c'est bien formaté et assez facile. Il y avait beaucoup de travail à l'époque (ndlr : la Commission européenne avait alors engagé une stratégie globale d'évaluation de la sécurité des substances de coloration capillaire). Ça n'était pas vraiment passionnant, parce qu'en termes de tox, ça ne va pas très loin"…
Mais il participe aussi à des groupes ad-hoc, par exemple sur l'amélioration des méthodologies de l'évaluation du risque, préside celui sur les produits imitant les denrées alimentaires…
Pour son deuxième mandat, il intègre, en plus, le groupe Ingrédients : "Je me suis dit que j'avais fait le tour des colorants, et que les questions sur les conservateurs ou les filtres étaient très intéressantes"…
Et pour son troisième mandat, il y ajoute encore sa participation au groupe Nanos… et aussi le groupe Méthodologies : "Tous les experts sont dans ce groupe par défaut, parce qu'à un moment, il faut que tout le monde s'implique dans la méthodologie. Donc, du coup, maintenant, je participe, quand je peux, à tous les groupes", dit-il simplement.

Au commencement est la saisine

Le CSSC peut s'autosaisir quand un sujet l'interpelle et rédiger un Mémorandum par exemple, mais toutes ses Opinions sont rendues à la demande de la Commission européenne (les mandats envoyés au Comité sont publiés sur le site Internet de la Commission).
L'industrie transmet ses dossiers de sécurité, et le travail commence.

Puis vient le travail en groupe

"C'est de l'expertise collective", explique Christophe Rousselle.
Concrètement, une Opinion est composée de plusieurs parties (physico-chimie, sensibilisation, tolérance locale, toxicité générale, reprotoxicité, évaluation du risque, etc.). Si chaque expert est censé lire l'ensemble du dossier, chacun traite plus particulièrement une partie en fonction de sa spécialisation (dermato-allergologue, chimiste, toxicologue…). Et le débat s'installe entre le rapporteur de l'Opinion et les autres membres du CSSC.
"On passe le texte en revue page par page, le rapporteur et ceux qui ont relu des parties spécifiques donnent les grandes lignes de leurs conclusions. Si d'autres membres ne sont pas d'accord, ils font des commentaires, on en discute, et là, c'est vraiment une discussion, qui se poursuit au fur et à mesure qu'on déroule l'Opinion. On s'arrête souvent beaucoup sur le libellé des SCCS Comments : quand on rapporte une étude, c'est assez factuel, mais c'est quand on la commente pour indiquer si le CSSC est d'accord ou pas d'accord qu'on discute le plus", raconte Christophe Rousselle.

… et ses cas de conscience…
"À chaque fois, ce qui est compliqué", continue-t-il, "c'est que souvent on est partagé entre d'une part l'envie de demander plus d'éléments ou d'études, par exemple quand dans la partie physico-chimique on n'a pas toutes les impuretés ou toutes les concentrations et que l'expert chimiste dit qu'il aimerait bien avoir un chromatogramme ou une analyse spectro de masse et que les autres experts sont d'accord, et d'autre part le besoin de clore un dossier, et aussi le fait de savoir si l'élément manquant est réellement bloquant, c'est-à-dire si le manque d'information empêche la possibilité d'autoriser la substance. Pour tous les dossiers, il y a une trame qu'on s'attend à trouver, avec tel et tel élément, et quand il en manque, et si vraiment il y a trop de trous, on demande des compléments. Quand ce sont de petites choses, bien souvent, les experts vont chercher eux-mêmes dans la littérature, ou sur le site de l'ECHA… Quand les manques sont trop importants et que le dossier est vraiment mal fait, au bout d'un moment, même s'il n'y a peut-être pas de problème de sécurité, on n'arrive pas à avoir une idée claire de ce qui est dans le produit, de ce qu'est la substance, si les tests ont vraiment été faits… si on a trop de questions, on renvoie le dossier".

… jamais coupés de l'actualité…
"Les questions sur lesquelles on discute de plus en plus concernent la génotox, quand on n'a que des résultats in vitro, qu'on a un doute et besoin d'avoir une étude in vivo. Mais on sait que ces tests sont interdits… Une solution serait de dire que la substance n'est pas safe… mais s'il s'agit d'un conservateur, on se dit que c'est dommage, il n'y en a pas tant que ça… Alors, oui, on tente de se contenter du in vitro en allant chercher d'autres informations… Et on se dit, si on ne prend pas à 100 %, est-ce que ça passe ? Ou : dans quelle catégorie de produits au moins on pourrait l'autoriser ? On essaie d'être proportionnés. Pour les ingrédients comme les filtres solaires ou les conservateurs pour lesquels il y a un vrai enjeu de santé publique, on a plutôt envie de les autoriser, mais si les données de base ne sont pas là, pour des ingrédients aussi importants, c'est gênant".

… et en collaboration avec l'industrie
"Auparavant, quand il manquait des données importantes dans les dossiers, on rendait une Opinion négative, et l'industrie revenait deux ans plus tard avec un nouveau dossier. Ce qu'on fait maintenant, c'est d'ailleurs la Commission qui pousse à le faire et c'est plutôt bien, c'est qu'on échange en amont, même parfois durant la séance.

Arrive l'heure de la validation

Étudiée et rédigée, l'Opinion arrive en réunion plénière, avec six ou sept autres qui sont proposées à la validation. Dans la plupart des cas, elle est adoptée sans faire l'objet de davantage de discussions : "Il n'y a de discussions qu'exceptionnellement, par exemple si des experts qui n'étaient pas membres du groupe de travail ont une question ou un désaccord ou soulèvent un point particulier", dit Christophe Rousselle.
Et en cas de désaccord grave ? "On ne vote pas souvent… J'ai le souvenir d'un vote sur les parabènes pour les enfants, mais le plus souvent, les Opinions sont adoptées à l'unanimité. D'autant que quelqu'un qui n'est pas convaincu, on discute. Si vraiment le rapporteur de l'Opinion n'arrive pas à le convaincre sur un point, ça repasse en groupe. Et tant qu'il n'y a pas de consensus, l'Opinion n'est pas adoptée. C'est différent à l'ANSES où il existe une rubrique Opinion minoritaire, et où, après l'avis du comité d'experts, une voix différente peut s'exprimer. Cette case n'est quasiment jamais remplie dans les Opinions du CSSC. Il est vrai que parfois, il y a des discussions, mais en général au bout d'un moment, on arrive à trouver un compromis sur la manière de libeller les choses qui convient à tout le monde".

Puis le temps de la contradiction

Une fois adoptée, l'Opinion n'est pas encore définitive, puisqu'elle est soumise, dès sa publication, à une période ouverte aux commentaires d'un minimum de quatre semaines (huit dans la plupart des cas). Et ces commentaires peuvent être plus ou moins nombreux, et venir de partout…
"En général, les commentaires arrivent d'un côté de tous ceux qui défendent la substance, fédérations et industriels. Et de l'autre, des États membres ou leurs Agences de sécurité sanitaire. Sans compter les personnes qui commentent à titre individuel, comme des experts de renom ou d'anciens membres éminents des autres comités européens", commente Christophe Rousselle.

Mais un commentaire, c'est aussi la critique du travail des experts…
"Évidemment, les commentaires ne sont pas toujours agréables", admet-il, "mais ce qui est bien, c'est qu'on a à chaque fois le pour et le contre. C'est un peu le jeu. Et parfois, ça fait avancer les choses. Parfois aussi, ça n'a rien à voir et ça concerne la gestion de risque : vous ne vous rendez pas compte, ça va entraîner telle et telle conséquences. Mais c'est là qu'on se rend compte qu'il y une audience très vaste, parce que ça vient du monde entier. À chaque fois qu'une Opinion du CSSC est mise en ligne, on peut dire que c'est attendu ! Mais c'est aussi ce qui fait l'intérêt du travail".
Et c'est la seule pression que ressent Christophe Rousselle, qui affirme n'en avoir jamais ressenti d'une autre nature…

Et enfin, le départ vers une autre vie

Une fois que l'avis final est rendu, après la prise en compte des commentaires, l'Opinion échappe au CSSC…. quoiqu'il en advienne. "Dans mon premier mandat", modère Christophe Rousselle, "Ian White, qui était le président du CSSC et dermato-allergologue clinicien, était assez préoccupé par les allergènes . On avait rendu une Opinion visant à mieux les encadrer, et comme ça trainait au niveau de l'implémentation par la Commission, le CSSC le rappelait en début de chaque réunion et demandait où ça en était, et pourquoi l'avis du CSSC n'avait pas encore été traduit dans la réglementation, en insistant sur le fait que c'était un vrai problème de santé publique… Mais une fois qu'on a rendu l'Opinion, nous ne sommes pas censés intervenir".

Alors, heureux au CSSC ?

En termes de présence, Christophe Rousselle est au Luxembourg de un à deux jours par mois. Mais il a aussi du "travail à la maison"… ou dans le train si, pour la réunion qui commence à 9 heures, il reçoit encore des documents à 2 ou 3 heures la nuit précédente.

Du temps

Et la charge n'est pas exactement une sinécure : "Le travail de base est de tout lire, et en plus, quand on est rapporteur (ça tourne, en général chacun est rapporteur dans un groupe, et sur une année, on peut être rapporteur d'une ou deux Opinions), il faut rédiger et ça demande plus d'investissement. J'ai été rapporteur sur le D5, sur la vitamine A, sur l'aluminium lors de mon précédent mandat… c'était de gros dossiers, et ça prend du temps. Et quand on est seul à recevoir 200 pages de commentaires et qu'il faut faire le premier draft de la réponse, c'est un peu lourd".
D'autant que le personnel affecté au support du CSSC n'est pas nombreux, et qu'il l'est même moins qu'avant….

Pas beaucoup d'argent

Et il faut le dire, tout cela n'est pas si grassement payé : "Le niveau de rémunération n'a rien à voir avec ce que l'industrie peut payer ses experts ! Mieux vaut ne pas être motivé par l'argent. Le premier intérêt que j'y trouve est intellectuel", ajoute-t-il.

Quelques frustrations

S'il peut avoir le sentiment du travail bien fait, Christophe Rousselle ne cache pas non plus qu'il n'est pas toujours parfait : "Ce qui m'interpelle aujourd'hui, c'est que la partie santé humaine du consommateur est évaluée par le CSSC, la partie environnement est évaluée sous REACH, mais il n'est pas systématique que tous les ingrédients qui sont vus par le CSSC soient évalués pour l'environnement (d'ailleurs on note souvent dans les Opinions qu'on n'a pas pris en compte les impacts sur l'environnement). Et sur le D5, par exemple, je n'ai pas compris qu'on passe autant de temps à travailler sur les risques pour la santé humaine alors que du côté environnement, il y avait déjà la restriction à 0,5 % maximum par la décision de l'ECHA."

C'est la même chose pour le risque professionnel. Aujourd'hui, l'évaluation du risque pour les professionnels qui manipulent des cosmétiques, les coiffeurs ou les esthéticiennes, n'est pas prise en compte par le CSSC. On ne voit jamais de scénario pour eux, alors que ceux qui manipulent le plus les colorants capillaires sont bien les coiffeurs. Nous, on évalue le risque pour le consommateur qui va appliquer le produit une fois par mois, mais jamais pour le professionnel qui les manipule tout le temps".

La raison ? "On nous dit que ce n'est pas dans le mandat du CSSC, que c'est le SCOEL (Comité Scientifique Européen en matière de limites d’exposition professionnelle). Mais eux étudient les substances et fixent les valeurs limites à ne pas dépasser, qui sont reprises ensuite dans la réglementation européenne . C'est vrai qu'ils s'intéressent aux risques professionnels, mais je ne pense pas qu’ils fassent d'évaluation de risque.

Et de plaider pour une meilleure coordination des comités et des échanges plus systématiques d'informations : "Il a de plus en plus d'efforts entre l'ECHA, le CSSC, l'EFSA… Des experts d'un comité sont invités aux réunions des autres, les secrétariats échangent, par exemple quand il y a des données qui sont dans les dossiers REACH auxquels on n'a pas accès, on demande à aller les consulter… Donc, ça s'améliore, mais ce n'est pas encore dans la culture".

Mais toujours la motivation

Christophe Rousselle n'a pas perdu la foi. Incontestablement, il aime ce qu'il fait : "Le CSSC me permet de voir comment ça fonctionne ailleurs, de fréquenter d'autres cercles d'experts. Et puis, j'aime bien le côté démonstration, avoir tous les éléments pour analyser, construire un argumentaire, essayer d'être au plus juste possible. C'est un peu un travail d'enquête, aller chercher les publi, voir s'il n'y a pas quelqu'un qui contredit, creuser les choses qui peuvent sembler bizarres ou incohérentes".

Même s'il prévoit déjà le moment où, à nouveau, il se challengera ailleurs : "C'est mon troisième mandat, j'en ai repris pour cinq ans. Mais là, c'est sûr que c'est le dernier, c'est quand même très prenant, et c'est peut-être le moment de passer à autre chose. Je pense que je regretterai, parce qu'il y a vraiment une ambiance. On n'est pas dans une grande salle de conférence, avec des micros, c'est encore le monde à taille humaine, on est face à face, tous autour d'une grande table, on se voie, on a nos dossiers ouverts, on s'interpelle. J'adore ces réunions, je ne m'ennuie jamais… Tout cela avec des enjeux et des impacts dont on a bien conscience, et c'est motivant. Un jour, sûrement j'arrêterai les cosmétiques, mais pour l'instant, ça me plaît bien".
À l'entendre en parler, on l'aurait deviné !

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