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lundi 29 avril 2019Portraits

DeFY Cosmetic : duo terrible de la cosmétique

DeFY Cosmetic

L’école n’est pas bien loin derrière eux, et pourtant Ludovic Lemée et Romain Derrien viennent de fonder leur marque de cosmétique, DeFY Cosmetic. Tout juste âgés de 25 et 26 ans, ils ont l’audace de la vingtaine et n’ont pas hésité longtemps avant de se lancer dans un projet entrepreneurial. Après tout, quand l’envie et le talent sont présents, pourquoi attendre ?

Temps de lecture
~ 5 minutes

D’un côté, il y a Romain Derrien, originaire de Saint-Brieuc.
Déjà à l’adolescence, il se souvient avoir eu un véritable coup de cœur pour l’apprentissage de la chimie.
“J’ai tout de suite su que c’était ce que je voulais faire, donc ma scolarité s’est ensuite construite autour de cette idée”, raconte-t-il.
C’est également à cette période qu’il commence à avoir un certain goût pour le domaine de la cosmétique.
Grand utilisateur de produits capillaires et de rasage, il s’essaye au décryptage des listes INCI, mais hélas, à cette époque, les connaissances lui manquent encore !
Il poursuit ensuite un parcours classique, obtient un baccalauréat scientifique et entre en prépa Math Sup, afin d’intégrer une école d’ingénieurs.
Au bout d’un an de classe préparatoire, il décide de se réorienter, compte tenu de l’aspect trop théorique de sa formation.
Il intègre une double licence physique-chimie à Rennes, en ayant déjà le souhait de rejoindre un cursus cosmétique. À la fin de ce cycle, il entre à l’UCO de Guingamp.
Aussi heureux soit-il de poursuivre ses études dans cette voie, Romain Derrien se trouve être le seul garçon dans une promotion de 31 filles… une position pas toujours évidente.
Si sa première année à l’UCO n’est pas la plus épanouissante compte tenu de l’absence de soutien masculin dans le monde ultra-dominant des femmes, il poursuit tout de même.

De l’autre côté, il y a Ludovic Lemée, lui aussi breton d’origine par sa grand-mère, mais vivant en région parisienne.
Le jeune homme a toujours eu une appétence pour les sciences.
Il prépare donc un baccalauréat S option Sciences de l’Ingénieur. Finalement, l’aspect trop mécanique et mathématique de la formation a raison de lui. Une fois son diplôme en poche, il bifurque vers une licence de biologie.
“À cette époque, j’avais l’espoir de travailler pour l’industrie pharmaceutique. Arrivé à l’université de Cergy, je ne me suis rendu compte que ce n’était pas pour moi. Je ne voulais pas faire du business sur la santé des gens, j’avais besoin d’une part de glamour. Je me suis rendu compte que je voulais créer des produits générateurs de plaisir. J’ai donc terminé ma licence avec la conviction qu’il fallait que je me spécialise en cosmétique”, évoque-t-il.
Il postule dans plusieurs écoles et intègre l’UCO de Guingamp.
Pour lui aussi, c’est un petit choc.
Passer de la région parisienne à une ville qui compte 7000 habitants peut être également déroutant !

Une rencontre providentielle

Tous les deux entrent donc en Master 1, mais ne se connaissent pas encore.
Dès le premier jour, Romain Derrien repère quatre autres garçons dans la promotion et par chance, Ludovic Lemée est assis juste derrière lui. C’est à la faveur d’un “on va boire un verre à la fin des cours ?” lancé par Romain que les deux acolytes (accompagnés des autres garçons) font connaissance.
À la fin de la soirée, le groupe décide de participer au concours étudiant U’Cosmetic, organisé tous les ans par l’UCO.
En parallèle de leurs études, ils planchent sur un projet de gel à mémoire de forme phosphorescent, formulé avec de la quinine pour répondre au thème imposé de la “Cosmetic Expérience”.
Le concept séduit le jury et le groupe 100 % masculin se voit attribuer le premier prix de la catégorie “Innovation”.

Dans l’euphorie de la victoire, ils décident de rempiler l’année suivante, alors que la dernière année de master se fait en alternance.
Mais il en faut plus pour les effrayer.
Tous deux en poste chez L’Oréal en région parisienne, ils continuent d’étudier à Guingamp et travaillent en même temps leur projet pour le concours U’Cosmetic (sur la cosmétique minérale).
Cette fois-ci, ils remportent le deuxième prix de formulation, joli palmarès.

La fin des études… et le début de tout !

Chacun termine son cursus. À l’issue de son alternance, en août, Romain Derrien, s’envole pour les États-Unis, grâce à un ancien maître de stage qui lui propose l’opportunité de travailler pendant un an pour les laboratoires Fareva.
Ludovic Lemée, quant à lui, voit son contrat prolongé de quelques mois chez L’Oréal.

Tandis que l’un travaille à l’autre bout de l’Atlantique, l’autre commence à mûrir très fortement un projet d’entreprise.
“J’ai appelé Romain pour lui demander s’il n’avait pas envie qu’on se lance tous les deux. Fort de nos deux expériences réussies à U’Cosmetics, je savais que nous étions un bon binôme”, raconte Ludovic Lemée. “Il m’a convaincu que c’était le moment idéal pour se lancer”, reprend Romain Derrien. “Mon contrat aux États-Unis avait une durée déterminée, à mon retour, je n’avais rien de prévu. C’était le moment parfait pour se lancer, tenter de nouvelles expériences et surtout ne rien regretter”.

Repenser le rapport entre Instagram et la cosmétique

Bien décidés à entreprendre ensemble, il ne leur reste plus qu’à trouver la bonne idée.
“Aujourd’hui, une grande partie de la communication des entreprises de la beauté passe par Instagram. Dans la majorité des cas, elles font appel à des influenceurs, les payent et leur donnent un script à suivre. Ce n’est donc pas transparent à l’égard du consommateur”, explique Romain Derrien. “Partis de ce constat, nous avons essayé de trouver le meilleur concept qui puisse à la fois servir les intérêts des utilisateurs, des influenceurs et les nôtres”, ajoute Ludovic Lemée.

Les deux enfants terribles de la cosmétique ont mis au point un concept de produits de soin personnalisés pour les influenceurs.
Après avoir soigneusement sélectionné les profils de personnalités publiques les plus en adéquation avec leur projet, ils entrent en contact avec elles et proposent tout un catalogue de produits, qui seront ensuite façonnés et formulés aux goûts de l’influenceur, dans la mesure du possible, bien évidemment.
Pour démarrer cette aventure, ils ont pu compter sur le soutien de l’UCO qui a mis à leur disposition un laboratoire.

Les deux compères racontent que leur première collaboration s’est faite avec “l’influenceuse rennaise Juliette Kitsch. Elle a été emballée par le projet et a souhaité des baumes à lèvres. Ses exigences majeures tenaient au packaging, puisqu’elle ne voulait pas de stick, et sur les parfums qu’elle souhaitait fleuris, mais pas entêtants. Nous sommes alors partis sur un conditionnement en forme de tube de gouache et sur des notes olfactives de lavande, de clémentine et de mimosa. Un véritable challenge qui a été relevé haut la main. Nous lui avons envoyé une quinzaine de formules jusqu’à ce qu’elle soit entièrement satisfaite. Elle est également venue nous voir en labo, elle s’est prise au jeu. Pour nous, c’est important que la personne qui collabore voie l’envers du décor afin de parler en toute transparence à sa communauté”.

Les premiers baumes à lèvres sont sortis le 13 février 2019 et ont reçu un accueil chaleureux.
Le duo travaille d’ores et déjà à la sortie de nouveaux produits.
En parallèle, ces touche-à-tout de la beauté donnent des cours à de jeunes étudiants et dispensent des formations cosmétiques scientifiques dans les comités d’entreprises afin de vulgariser la pratique auprès du grand public (on est loin du cours de DIY).

Et le gel fluo qui avait fait leur succès au concours U’Cosmetics ?
Le produit avait fait l’unanimité pour son originalité et sa nouveauté.
Mais le gel à mémoire de forme qui en était à la base était la propriété d’un fournisseur d’ingrédients à qui ils ont laissé la formule.
Aujourd’hui, le produit est commercialisé sur le marché asiatique et au Moyen-Orient…
Mais ils ne regrettent rien !
Le fournisseur d’ingrédients en question, pour les remercier, leur a proposé une mission de deux ans au Japon… qu’ils ils ont refusé pour mieux se consacrer à leurs propres projets.
La fougue de la jeunesse n’attend pas !

JS
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