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mercredi 18 septembre 2019Portraits

"Grey is the new green" : REN skincare s’engouffre dans la brèche de l’écoresponsabilité

"Grey is the new green" : REN skincare s’engouffre dans la brèche de l’écoresponsabilité

Crise écologique oblige, l’industrie n’a plus le choix : il faut se mettre au vert. Si pour certains il s’agit d’une seconde nature, pour d’autres, la transition n’est pas aussi aisée. C’est sur la scène de la Journée de la Beauté organisée par le CEW France qu’Arnaud Meyselle, CEO de REN, s’est confié au micro de Laurence Dorlhac concernant le virage écoresponsable qu’a pris la marque.

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Laurence Dorlhac : Ren est une marque qui existe depuis une vingtaine d’années mais cela fait bien deux ans qu’on ne parle que d’elle. Depuis qu’Arnaud Meyselle est à sa tête, pour dire vrai. J’ai l’impression que vous êtes en train de passer la cinquième et que pour certaines grandes maisons de cosmétique, vous devenez un exemple de bonnes pratiques environnementales.

Arnaud Meyselle : La raison de ma présence ici est de témoigner et de montrer qu’il est possible de trouver des solutions pour l’environnement. Il faut un peu de courage et surtout y aller à fond, un peu comme au poker et faire un “all in”. Oui, il y a des risques, mais bien souvent, ça paye. Nous devons être transparents et cohérents.
Il faut qu’on arrive à dire aux consommateurs ce qu’on fait de bien, ce que l’on compte faire et là où on a commis des erreurs, car c’est humain de se tromper.

LD : Avant de poursuivre, il faut tout de même resituer dans quel contexte Ren a été créé il y a 20 ans. Y avait-il déjà ce côté activiste et cette volonté d’aller à l’encontre de ce que tout le monde faisait ?

AM : Cette marque a été fondée par deux hommes. Après que la femme d’un des fondateurs, alors enceinte, ait fait une réaction à une crème qu’elle s’appliquait, ils ont décidés de s’intéresser aux substances potentiellement irritantes présentes dans les formules cosmétiques. De là est né Ren (qui veut dire clean en suédois) et son principe de “clean skincare”.
Dès le lancement de la marque, les créateurs ont toujours fait en sorte de penser à l’environnement. Ils ont choisi des packagings blancs et transparents de façon à les rendre plus recyclables, par exemple. Ils avaient même créé un principe de renvoi postal des flacons vides au siège de la marque afin de pouvoir assurer leur traitement. Autant vous dire que ça a été possible au début, mais c’est vite devenu compliqué. Alors depuis deux ans, nous essayons de repartir dans cette dynamique qu’avait la marque à ses débuts.
Nous avons lancé un nettoyant pour le corps dont le flacon est fabriqué en plastique repêché dans les océans. J’ai eu l’occasion de montrer ce produit aux fondateurs initiaux et ils étaient ravis de voir que l’esprit qu’ils avaient voulu insuffler à Ren était encore présent.

LD : En vous écoutant, on se dit que vous êtes mordu de bio et de nature depuis toujours. Et pourtant, en préparant cette conférence, vous m’avez confié plutôt faire partie de la génération qui partait en vacances en voiture, avec tout le monde qui fumait à l’intérieur et personne d’attaché !

AM : Exactement, je ne fais pas partie d’une génération qui est tombée dans la naturalité étant petit. La mutation qui s’est opérée chez moi et chez d’autres relève presque de la mutation intérieure. On fait « reset » en quelque sorte.
Cela permet de se sentir mieux dans sa chair, dans son business et surtout de comprendre à quel point tous ces enjeux sont urgents.
Je crois beaucoup au pouvoir des rencontres. J’ai eu la chance de faire la connaissance de Chad Nelson, le CEO de l’organisation Surfrider Fondation (organisation de ramassage de déchet sur les plages, ndlr), basée à Los Angeles. On a fait connaissance dans un café, il m’a expliqué ce qu’il faisait et de fil en aiguille, nous avons fini par aller sur la plage de Santa Monica pour ramasser du plastique échoué.
Depuis, nous sponsorisons certains de ces événements.

LD : Comment la marque s’engage-t-elle vers plus d’écoresponsabilité ?

AM : Nous avons plusieurs axes de développement.
Tout d’abord avoir plus de packaging en PCR (Post-Consumer Recycle, ndlr), tout en maintenant la qualité du produit et sans transférer de coût supplémentaire au consommateur. Nous avons pris le parti de ne plus utiliser de sachets en plastique pour les échantillons mais des petits tubes en PCR recyclé.
Bien sûr, ça coûte trois fois et demie plus cher, mais guess what, si tout le monde se mettait à le faire, les prix baisseraient, bien évidemment.
Et puis quand on crée des pop-up ou des corners, tout le mobilier utilisé est de seconde main, ce sont des choses anciennes que l’on réutilise. Le résultat est très beau et ça permet de communiquer là-dessus auprès du consommateur.
Je ne crois pas aux solutions miracles, il faut essayer, se tromper, tâtonner, mais on y arrivera.

LD : Vous le dites, les solutions que vous mettez en place coûtent un peu plus chères, mais vous avez l’air d’être un homme heureux !

AM : Oui, je suis assez content. La marque va avoir 20 ans, et depuis deux ans que nous sommes en “transition verte”, nous avons fait 50 % de croissance, tout est dit, non ? Dès qu’on lance un packaging écoresponsable, on en vend cinq à dix fois plus.Sans parler de la “Brand Love” que cela génère auprès de nos consommateurs.
Encore une fois, je rebondis sur ce point pour faire un parallèle avec la transparence. Aujourd’hui, nos clients sont de vrais experts, ça ne sert à rien de leur mentir ou d’essayer de les duper. Nous n’essayons pas de leur faire croire que nous sommes green à 100 % alors que ce n’est pas le cas. Il faut avancer à petits pas et demander la patience des consommateurs.
Cette patience, vous l’aurez le jour où vous commencerez à faire des choses concrètes. En tout cas, nous sommes la plus petite marque du groupe Unilever et pourtant on ne parle que de nous ! La preuve que les efforts sont toujours payants.

JS
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