L’eau déminéralisée ne fait toujours pas la loi dans les formules cosmétiques. Un certain nombre d’alternatives existent pour enrichir les produits de beauté. L’eau de mer en fait partie. Comment est-elle récupérée ? Quelles sont ses allégations ? Setalg, fournisseur d’ingrédients, nous livre les secrets de son eau de mer.
Sandrine Hervé (Responsable Technique Cosmétique) et Anne-Charlotte de Geyer d’Orth (Responsable Technique Nutrition-Santé) ont répondu aux questions de l’Observatoire des Cosmétiques.
Setalg : fiche d’identité
Setalg est une entreprise établie en Bretagne, plus précisément dans les Côtes-d’Armor, sur la presqu’île de Pleubian.
Pleubian est situé sur l’un des plus grands estrans d’Europe. De ce fait, le différentiel entre marée haute et marée basse est très important. Cette zone est classée Natura 2000, certification qui protège la faune et la flore et atteste de la qualité des eaux.
Sandrine Hervé explique que si l’entreprise est référente dans la vente d’eau de mer, "
c’est parce qu’il y a une réelle légitimité géographique d’accès à la ressource. L’entreprise n’est tributaire d’aucun délai d’acheminemen
t".
En plus de fournir de l’eau de mer, Setalg commercialise également des algues, récoltées à marée basse sur l’estran ainsi que des ingrédients d’origine marine.
Le pompage
L’eau de mer est pompée au large de Pleubian, dans l’archipel de Bréhat, à quelques mètres du site d’exploitation de Setalg.
Comme le précise Anne Charlotte de Geyer d’Orth, "
L’entreprise est tributaire de l’Almanach des marées. Un coefficient d’au moins 80 est nécessaire afin de limiter la présence d’impuretés lors du pompage de l’eau. Plus le coefficient est important et moins les fonds marins à proximité de la pompe sont brassés".
L’eau de mer pompée subit une double filtration afin d’éliminer les résidus de sable ou de coquillages et de filtrer la majorité des micro-organismes (plancton ou bactéries). Aucun traitement ou additif n’est ajouté à l’eau suite à la filtration.
Condition de stockage
L’eau est ensuite stockée dans une chambre froide à 4 degrés. Dans ces conditions, sa conservation est garantie pour une durée de 6 mois. " La durée limite d’utilisation optimale n’est dictée par aucune règlementation cosmétique, C’est nous qui nous l’imposons ", explique Sandrine Hervé. "L’eau est un milieu vivant, qui peut évoluer dans le temps. La filtration limite au maximum la présence de flore, mais si la chaine du froid est interrompue, la flore résiduelle peut proliférer », précise Anne-Charlotte de Geyer d’Orth. Afin de garantir un produit frais et sain, Setalg s’impose de travailler en flux tendu (pas de stock). Si les spécifications de l’eau pompée ne satisfont pas aux exigences qualités de Setalg, sa politique QHSE prévoit de rendre la matière à son habitat naturel.
Bénéfices cosmétiques
L’eau de l’archipel de Bréhat est connue pour sa richesse en minéraux comme le chlorure, le sodium, le potassium et le magnésium. Son extrait sec est compris entre 4 et 5 %. Cette richesse en minéraux, lui confère des vertus hypertoniques et permet de maintenir l’équilibre du pH cutané.
Sandrine Hervé ajoute que l’eau de mer est d’autant plus intéressante que "
les formes terrestres de minéraux ne sont pas naturellement assimilables par la peau tandis qu’une source marine, grâce à ses minéraux solubles, permet une meilleure affinité et compatibilité cutanée"
.
Eau de mer et formulation : bon ménage ?
L’incorporation d’eau de mer dans les galéniques cosmétiques est ardue. Par exemple, la richesse en minéraux de ces eaux déstabilise le réseau huile/eau des émulsions. Setalg s’est basé sur son expertise technique pour l’inclure dans ses galéniques.
De l’eau en poudre ?
La qualité des eaux étant variable d’une partie du globe à l’autre, une demande a émergé pour des eaux pures et exemptes de polluants. "
Pour des raisons logistiques et qualités, il nous est difficile d’acheminer notre eau de mer au-delà des pays limitrophes"
, explicite Sandrine Hervé.
Afin de répondre à cette demande grandissante du marché, Setalg, a développé un process unique d’atomisation d’eau de mer. Anne-Charlotte de Geyer d’Orth précise que "
le procédé est assez simple, l’eau de mer est placée dans des marais salants pour obtenir une première évaporation naturelle et concentrer l’eau en minéraux. La partie aqueuse est ensuite évaporée dans une tour d’atomisation pour ne garder que le concentré minéral, à hauteur de 85 %".
La DLUO de la poudre minérale est de deux ans à température ambiante. Plus aucun souci de stockage ni d’acheminement.
La mise en solution de la poudre dans de l’eau déminéralisée, permet au client de recréer une eau de mer parfaitement adaptée à son besoin final. La tonicité du produit fini dépend du ratio de dilution réalisé.
Ingrédient naturel et bon pour la peau, l’eau de mer est de plus en plus présente dans les cosmétiques. De quoi bénéficier des avantages marins en restant chez soi.
Pour aller plus loin
• Voir l'article Les cosmétiques à base d’eau de mer
JS