Alors que les classifications canoniques du type de la peau (sèche/mixte/grasse) sont de plus en plus jugées obsolètes et manichéennes par les professionnels du secteur cosmétique, la lecture cutanée "automatisée" a le vent en poupe, car plus précise. Adieu l’interprétation à l’œil nu de l’état de l’épiderme, bonjour aux appareils capables de sonder la peau en profondeur.
On connaissait déjà les appareils de mesure proposés par les grandes marques comme Ioma, Skinceuticals, Galénic encore Vichy, pour mieux connaitre l’état de la peau. Pour la première fois, une marque bio propose sa version du diagnostic connecté. L’Observatoire des Cosmétiques a testé le Visioderme de Bioreline.
Genèse d’un projet
Daniel Constant, directeur de la marque, a d’abord fait ses armes dans le développement d’appareils d’instrumentation médicale et scientifique, afin d’aider les médecins à confirmer leurs diagnostics. Il décide ensuite de virer sa cuti professionnelle et se tourne vers la cosmétique, secteur dans lequel son épouse est déjà établie. En fondant la marque Bioréline, Daniel Constant se rend compte que la " profession souffre d’une carence : un manque flagrant d’équipement pour tester la peau, identifier ses déséquilibres et vérifier l’efficacité des soins prodigués ". Compte-tenu de ses compétences en la matière, Il s’attèle à la création d’une sonde capable d’interroger la peau en profondeur. Après deux ans de développement, le Visioderme voit le jour.
Visioderme, qu’est-ce que c’est ?
Derrière ce petit nom se cache une sonde, dont le design fait penser à un thermomètre médical, et dotée d’une caméra constituée de cinq millions de pixels, qui grossit 50 fois la peau à l’aide de trois lumières.
•
La lumière visible
: constituée à base ampoules LED, cette lumière va détailler les microstructures de la peau comme les stries, les rides et les ridules. "
On va pouvoir extrapoler l’état de sécheresse éventuel de la peau, l’état de sécrétion séborrhée
", précise Daniel Constant.
•
La lumière polarisée
: elle va permettre de lire l’intérieur de la peau. Daniel Constant explique qu’avec "
un filtre particulier dans la sonde, tous les sinusoïdes vont être orientés dans la même direction. Avec la réflexion sur l’épiderme, la lumière continue d’être polarisée et bien ordonnée. En revanche, celle qui va entrer en profondeur perd cette caractéristique de polarisation. Pour la maintenir, il suffit, au niveau des capteurs des caméras, de filtrer ces deux lumières pour savoir ce qu’il y a dans le derme et s’affranchir de l’épiderme
". Il est donc possible de voir les rougeurs ou les tâches naissantes pas encore visibles en surface, "
et donc d'avoir une action cosmétique préventive
“, indique le président de la marque.
•
La lumière ultraviolette
: elle joue sur la fluorescence. Les micro-organismes, qui peuvent être présents dans la peau, émettent de la couleur s’ils sont excités avec un filtre UV. Ainsi, les pores deviennent visibles, l’analyse de leur niveau d’irritation ou d’inflammation bactérienne est précise.
Comment ça marche ?
Bien que le concept soit technique, l’utilisation n’en est pas complexe pour autant. Il suffit de poser la sonde sur le visage à différent endroits, en fonction de la lumière utilisée. En ce qui concerne celle qui est visible, Daniel Constant recommande de commencer par le front, les tempes et le coin des yeux. Comme ce sont des surfaces planes et dures, la lecture n’en sera que meilleure.
Pour la lumière polarisée, la sonde va parcourir les parties rouges du visage, tandis que l’ultraviolette va se concentrer sur les zones sujettes à la présence de pores obstrués, comme les ailes du nez.
Tous ces éléments sont ensuite interprétés par un logiciel imaginé par l’équipe Bioreline. Il va faire un diagnostic de l’image en extrayant le plus significatif parmi les huit paramètres étudiés. Les résultats finaux se présentent sous la forme de diagrammes, suffisamment bien vulgarisés pour que la compréhension des données soit accessible à tous. L’appareil de Daniel Constant ne s’arrête pas en si bon chemin, puisqu’un module permet de cibler le protocole beauté le plus adapté aux problématiques cutanées de chaque peau. Bien que les produits Bioreline soient paramétrés d’office, Daniel Constant sourit en précisant "
que d’autres cosmétiques peuvent être proposés, Bioreline n’entend pas satisfaire tout le monde
".
Où, quand, comment ?
Afin de voir une amélioration plus visible, le président de Bioreline conseille de faire une cure de soin sur trois mois et de faire un scan de la peau tous les 30 jours, de façon à ce que le renouvellement cellulaire s’opère.
Pour le moment, le Visioderme est un outil à destination des professionnels du secteur cosmétique, notamment les centres esthétiques. Bioreline répertorie sur son site tous les instituts équipés de la sonde cutanée.
En termes de prix, Daniel Constant invite les centres à proposer le diagnostic gratuitement, mais c’est à la discrétion de l’établissement.
À l’heure où la personnalisation s’impose comme la tendance du moment, les marques rivalisent d’ingéniosité pour combler le public. Fini la consommation de masse (on est plutôt à l'heure de la personnalisation de masse !), chaque acheteur est unique et le revendique.
À quand le diagnostic beauté pour tous ? Daniel Constant confie à la fin de l’entretien "
qu’il ne peut rien nous dire pour le moment, mais l’équipe travaille à une version connectée, sur mobile, afin de démocratiser le concept
". Patience, patience…
JS