L'Observatoire des Cosmétiques a mis à juste titre récemment l'accent sur une classe très intéressante d'ingrédients, les lipopeptides. Il serait d'ailleurs selon moi plus juste de dire "remettre" plutôt que "mettre", tant ces ingrédients sont remarquables. En effet, ils ont bien les propriétés décrites dans cet article, mais bien d'autres encore. Nés il y a maintenant plusieurs décennies, ils n'ont jamais vraiment trouvé l'écho qui sied a leurs performances.
En Europe, et en France plus particulièrement, c'est à Jean Morelle que l'on doit les premières avancées. À côté de ses travaux sur les dérivés des acides thio, ce chimiste curieux et éclectique va proposer une série d'ingrédients basés sur la combinaison d'un dérivé protéique et d'un acide gras. Il leur donnera le nom de Lipacide.
Ces ingrédients résultent d'une réaction chimique bien connue des chimistes mais assez peu mise en œuvre, l'acylation. Cette réaction consiste à faire réagir un chlorure d'acide avec une fonction aminée pour former une liaison covalente très solide et très robuste, protégeant la fonction carboxyle du dérivé aminé.
Les conditions de réalisation sont assez drastiques, ce qui fait que peu de fabricants s'intéresseront à ces dérivés. La situation de la propriété intellectuelle rendra également les choses difficiles. Jean Morelle, détenteur de nombreux brevets, se réservera longtemps le droit de confier l'utilisation de ces ingrédients à quelques sociétés choisies au travers d'une démarche initiatique que les plus anciens se rappellent peut-être.
Les performances de ces dérivés sont multiples.
• Sous forme acide, donc non neutralisée, ils sont pratiquement insolubles dans l'eau, ce qui rend leur usage délicat. Mais ils permettent une meilleure disponibilité des molécules fonctionnelles …