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mercredi 21 septembre 2016Ingrédients

Une brève histoire des extraits placentaires

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Dans une précédente contribution concernant les actifs anti-âge, l'utilisation des extraits placentaires avait été abordée rapidement. Il a existé de nombreuses variétés d'extraits placentaires, humains, animaux ou végétaux. Il est nécessaire de bien distinguer les différentes variantes qui ont été utilisées, et qui ne le sont plus, sauf cas exceptionnel…

Temps de lecture
~ 4 minutes

Dans cette contribution, le Professeur Marie-Claude Martini revient sur l’utilisation de certains de ces extraits. Nous l’en remercions.

Jean Claude Le Joliff

La saga des extraits placentaires a débuté en 1930 lorsqu’un ophtalmologue russe, Vladimir Filatov, spécialiste des greffes de cornée, remarqua de meilleurs résultats quand les cornées transplantées étaient maintenues au froid ou soumises à dessiccation pendant un certain temps. Il émit alors l’hypothèse que tout tissus vivant mis en situation de souffrance fabrique et libère des éléments bioactifs destinés à maintenir ses cellules en vie. Sans que l’on sache, à l’époque, quelle pouvait être la nature chimique de ces éléments, ils furent baptisés "biostimulines". (On sait maintenant que ces mystérieuses biostimulines sont des peptides très proches des facteurs de croissance, ce qui explique leur action).

La théorie de Filatov fut alors appliquée à d’autres tissus animaux et en particulier au placenta qui, par sa fonction, était de nature à fournir des éléments bioactifs.

Dès 1950, les extraits placentaires furent utilisés en cosmétique, mais ils devinrent très vite une spécialité lyonnaise. En effet, le laboratoire Mérieux, implanté à Lyon, possédait une technique d’extraction des gammaglobulines à partir des placentas d’origine humaine. Les résidus d’extraction étaient rejetés.

Le Professeur Cotte, pharmacien biologiste des hôpitaux, eut l’idée de les valoriser en leur appliquant la théorie de Filatov pour en faire des extraits enrichis capables de favoriser le renouvellement cellulaire.

Ces extraits furent alors fabriqués et commercialisés par la société Gattefossé, installée à Lyon. En 1959, Bernard Guillot, pharmacien de la société, mit au point une crème "Placentor", particulièrement efficace pour le traitement des grands brûlés, crème expérimentée à l’hôpital Saint-Luc à Lyon. Par la suite, les extraits placentaires furent utilisés par l’industrie cosmétique comme ingrédient actif des crèmes destinées au rajeunissement du visage. Ils eurent un succès considérable, étayé par de nombreuses recherches scientifiques qui mettaient effectivement en évidence une activité indéniable sur le métabolisme cellulaire par augmentation de la consommation d’oxygène, une action sur la prolifération cellulaire de fibroblastes en culture, une efficacité réelle sur la vie de la cellule. Le Centre Européen de Dermocosmétologie de Lyon, créé par le Pr Cotte, participa activement à ces recherches en collaboration avec des laboratoires universitaires.

Parallèlement aux crèmes, sérums et baumes divers réservés à l’application locale, certaines cliniques, le plus souvent étrangères, utilisaient les extraits placentaires en injections ou en implants pour assurer le rajeunissement de l’organisme entier, pratiques relevant de la médecine esthétique. Mais tout était pour le mieux dans le meilleur des mondes cosmétiques.

Hélas, l’apparition du sida, dans les années 80, jeta un froid sur cet enthousiasme. Tous les extraits placentaires d’origine humaine furent écartés de la cosmétique par interdiction législative et remplacés par des extraits placentaires d’origine bovine. Les crèmes et sérums, toujours en évolution de formulation, s’en accommodèrent très bien jusqu’à ce que les animaux deviennent eux aussi suspects avec le développement de la fameuse encéphalopathie spongiforme bovine et ovine dans les années 90. Bien que la maladie soit localisée à certaines parties du corps, le principe de précaution conduisit un grand nombre de firmes cosmétiques à les éliminer de leurs formulations. Cependant, quelques pays, dont la Suisse, les ont toujours employés et les emploient encore pour des cures de rajeunissement, en affirmant qu’ils se fournissaient aux États-Unis, restés à l’abri de l’épizootie. Le danger semble actuellement  définitivement écarté mais la méfiance demeure.

Les extraits placentaires d’autrefois ont donc été remplacés par d’autres facteurs de stimulation cellulaire et l’on a vu apparaître en 1991 ce qui, par mimétisme, a été nommé placenta végétal. Bernard Guillot était à nouveau à l’origine de ce produit qu’il commercialisait sous l’ancienne dénomination de "Placentor". En 1996, une gamme complète à base de placenta végétal fut mise sur le marché par la société Sicobel, également installée dans la banlieue lyonnaise. Elle fait encore actuellement les beaux jours de la parapharmacie.

Nous devons cette contribution au Professeur Marie-Claude Martini.
Marie-Claude Martini fait référence dans le domaine de la cosmétique au travers de nombreux travaux. Collaboratrice du Professeur Jean Cotte, elle a largement contribué au développement du Centre Européen de Dermo-cosmétologie, dont elle fût un membre éminent pendant de nombreuses années. Le centre sera un des éléments clé du pôle cosmétique lyonnais. Enseignante, expert auprès des autorités françaises et européennes, elle a également laissé une forte empreinte par la rédaction de plusieurs ouvrages de référence. On citera en particulier celui concernant les actifs et additifs en cosmétologie.
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