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mardi 24 octobre 2017Cosmétothèque

Le mythe de la peau bleue : le retour ?

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Les premières références à la peau bleue se trouvent dans la mythologie… et sont aussi reprises dans les grandes sagas télévisées ou dans les bandes dessinées. Mais cette couleur n'est pas très courante sur les visages que l'on croise dans la rue… Et si, après la tendance à la peau blanche, le mythe de la peau bleue, et son corollaire, le bleu de méthylène, revenaient au gout du jour ?

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Dans Avatar ou Braveheart, la peau bleue était de mise. Cette pratique, assez largement développée dans certaines cultures anciennes, avait probablement pour origine l'utilisation d'un végétal particulier, les feuilles d'Isatis Tinctoria, dont le nom commun est Pastel, ou encore Pastel des Teinturiers, que les intéressés se passaient sur la peau, visage et corps confondus, et qui, par oxydation finissait par se transformer en une couleur bleue plus ou moins caractéristique. Cette pratique semble avoir conduit à l'expression populaire : " avoir une peur bleue !!!!", qui se référerait aux légions romaines qui, voyant déferler des hordes de combattants bleus, en auraient nourris une peur panique.

On peut également évoquer les manifestations de l’argyrisme, cette affection provoquée par l'ingestion excessive d’argent, sous forme de poussière d'argent métal ou de composés d'argent, et qui donne à la peau une coloration bleutée. L’argyrisme survient chez les personnes qui mangent, respirent ou boivent des sels d'argent, généralement durant une longue période.

On trouve aussi dans la mythologie des mentions concernant la peau bleue : les Atlantes, les dieux à la peau bleue, etc. Plus tard, les Schtroumpfs ont repris cette pratique, mais de façon plus pacifique et sympathique.

Mais de nos jours, le mythe de la peau bleue redeviendrait-il une nouvelle pratique ?

Une étude parue récemment dans Scientific Reports a analysé le potentiel anti-âge du bleu de méthylène sur la peau humaine. Les chercheurs de l'université du Maryland ont testé son action pendant quatre semaines sur des fibroblastes issus de sujets en bonne santé et d'autres souffrant de progéria (une maladie génétique dans laquelle le vieillissement est accéléré). Ils ont constaté que le bleu de méthylène est plus efficace que des substances connues, en stimulant prolifération des fibroblastes de peau et en retardant la sénescence cellulaire. Appliqué sur un modèle de peau 3D, il a démontré en plus de la viabilité de la peau, promu la cicatrisation et augmenté l’hydratation et l’épaisseur du derme. Pour finir, l’analyse de l’expression des gènes concernés a montré que le traitement modifiait l’expression d’un sous-ensemble des protéines de la matrice extracellulaire de la peau, incluant une augmentation de l’élastine et du collagène, deux éléments essentiels pour une peau saine. Au final, cette étude suggère que le bleu de méthylène a un grand potentiel pour les soins de la peau du fait, entre autres, de ses propriétés antioxydantes. Dans le cadre de cette étude, il a été aussi montré que le bleu de méthylène avait des effets neuroprotecteurs dans la maladie d’Alzheimer. Voir à ce sujet l'article Anti-Aging Potentials of Methylene Blue for Human Skin Longevity , sur le site Internet de Nature.

Le bleu de méthylène est un produit qui a été fabriqué pour la première fois en 1876 par un chimiste allemand, Heinrich Caro. À l'époque, on lui prêtait de nombreuses propriétés contre le paludisme ou antiseptiques, par exemple, même si elles n'ont pas toujours été prouvées. Ce remède de grand-mère était tombé en désuétude, en particulier à cause de sa forte teneur en métaux toxiques, mais vient d'être purifié par une entreprise marseillaise. Il a même obtenu durant l'été 2016 une autorisation de mise sur le marché aux États-Unis et un avis positif de l’agence française ANSM. Il permet de nos jours le traitement de certaines intoxications comme la méthémoglobinémie, dont la manifestation est fortement associée à l’usage excessif de poppers !!!! Beaucoup d'autres applications sont également envisagées .

Mais c’est aussi un colorant particulièrement puissant qui a de nombreuses vertus chimiques. Les membranes biologiques le laissent facilement passer : soluble dans l'eau et dans des solvants organiques, cette molécule entre même dans les compartiments cellulaires, comme les mitochondries ou le noyau. La conséquence de tout cela est qu’il imprègne également durablement la peau, tout du moins l’épiderme, comme tous les colorants (matières colorantes solubles, à ne pas confondre avec les pigments insolubles), pour lui donner une teinte tout a fait caractéristique, le bleu !!!!

Cent quarante ans après sa création, le bleu de méthylène semble donc toujours d'actualité. Alors, à quand le retour de la peau bleue ?

Contribution réalisée par Jean Claude Le Joliff
Biologiste de formation, Jean Claude Le Joliff a été un homme de R&D pendant de nombreuses années. Successivement en charge de la R&D, puis de la Recherche et de l’Innovation dans un grand groupe français de cosmétiques et du luxe, et après une expérience de création d’un centre de recherche (CERIES), il s’est tourné vers la gestion de l’innovation.
Il a été par ailleurs Professeur associé à l’Université de Versailles Saint Quentin (UVSQ) et reste chargé de cours dans le cadre de plusieurs enseignements spécialisés : ISIPCA, IPIL, ITECH, UBS, UCO, SFC etc.
Il est le fondateur de inn2c, société de conseil en R&D et Innovation. Consultant auprès de plusieurs sociétés internationales, il a participé activement à des projets comme Filorga, Aïny, Fareva, et bien d’autres.
Il a créé la Cosmétothèque®, premier conservatoire des métiers et des savoirs faire de cette industrie.

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