Caractériser la peau constitue depuis très longtemps l'un des prérequis majeurs à l'utilisation correcte des cosmétiques et bien évidemment au choix des ingrédients. Que d'efforts et de travaux pour définir ce tissu complexe qu'est la peau, et plus spécifiquement sa partie supérieure. Dans ce dossier, nous nous proposons de retracer l'histoire de cette démarche.
Quand on parle de produits de beauté et de cosmétique, on réduit presque toujours le débat aux produits ou aux ingrédients. Certes, ils jouent un rôle important, et quelquefois participent activement à la définition du produit. Ceci était particulièrement vrai lorsque nous étions dans le monde de la "recette miraculeuse". Mais il y a toute une série de choses indispensables et qui entourent ces activités. C'est par exemple l'éternelle question : quel est mon type de peau ? En effet, caractériser la peau constitue depuis très longtemps l'un des prérequis majeurs à l'utilisation correcte des cosmétiques et bien évidemment au choix des ingrédients. C'est encore une préoccupation actuelle, et l'on peut très facilement trouver à ce jour des guides et des démarches permettant de satisfaire à cet exercice, par exemple sur le site du Figaro ou sur celui de Skin Science .
Or, c'est peut-être sur la définition de la peau, et plus particulièrement de la peau saine, celle qui n’est pas "pathologique", c'est-à-dire celle qui est le domaine de prédilection des cosmétiques, que l'industrie a progressé le plus.
Cantonné longtemps à l'état de "tissu mort", ou encore à une simple classification en 3 types de peaux de base : sèche, grasse et normale (Helena Rubinstein 1910), la peau et la caractérisation des états cutanés vont permettre à l'industrie des progrès significatifs tant en ce qui concerne l'efficacité que l'innocuité des préparations. En effet, adresser correctement un cosmétique en fonction des caractéristiques de la peau permet d'accroître son efficacité et de renforcer son acceptabilité. Rien de plus de délicat que d'agresser une glande sébacée déjà en ébullition, de "délipider" une peau alipique ou encore d'irriter une peau fragile.
Mais tout ceci n'a pas été sans heurts et sans difficultés. De la classification proposée par Helena Rubinstein en 1910, aux définitions actuelles, en incluant la classification des phototypes , la classification de Roberts ou encore celle de Bauman , que d'efforts et de travaux pour définir ce tissu complexe qu'est la peau, et plus spécifiquement sa partie supérieure.
Dans ce dossier, nous nous proposons de retracer l'histoire de cette démarche, ayant conduit au passage à la naissance de la biométrologie, jusqu'aux apports les plus récents et les probables applications, en passant par toute une série d'expériences relatives à des projets de caractérisation et de définition de l'état cutané.
C'est Michelle Vincent qui décrira les débuts quelquefois balbutiants de cette nouvelle science qu’est la biométrologie . Elle vous aidera à comprendre les démarches et les applications que certains ont essayé d'en tirer et les perspectives que l'on peut en attendre. Des témoignages concernant des projets ambitieux et prometteurs comme le CERCO ou le CERIES seront abordés. Nous nous attarderons également un peu sur l'école de Besançon avec les travaux du Professeur Agache, et les extensions actuelles (le CERT) dirigées par Philippe Humbert.
Nous avons eu de nombreux débats quant à la définition de ce dossier. Biométrologie, Biophysique et je ne sais quel autre qualificatif auraient peut-être tout aussi bien fonctionné.
Nous avons finalement retenu "Peau clinique", de par sa simplicité, mais également car elle rend assez bien compte de la démarche qui sous-tend ces observations et ces travaux.
Bonne lecture.
Contribution réalisée par Jean Claude Le Joliff
Biologiste de formation, Jean Claude Le Joliff a été un homme de R&D pendant de nombreuses années. Successivement en charge de la R&D, puis de la Recherche et de l’Innovation dans un grand groupe français de cosmétiques et du luxe, et après une expérience de création d’un centre de recherche (CERIES), il s’est tourné vers la gestion de l’innovation. Il a été par ailleurs Professeur associé à l’Université de Versailles Saint Quentin (UVSQ) et reste chargé de cours dans le cadre de plusieurs enseignements spécialisés : ISIPCA, IPIL, ITECH, UBS, UCO, SFC etc. Il est le fondateur de inn2c, société de conseil en R&D et Innovation. Consultant auprès de plusieurs sociétés internationales, il a participé activement à des projets comme Filorga, Aïny, Fareva, et bien d’autres. Il a créé la Cosmétothèque®, premier conservatoire des métiers et des savoirs faire de cette industrie. |