Les progrès dans nos métiers ne doivent pas uniquement à la science ou à la technique, mais bien souvent sont associés à des créateurs de talent. Heidi Morawetz, qui vient de nous quitter, était de ces talents. Pour avoir longtemps travaillé avec elle, j’ai pu apprécier toutes ses qualités, tant sur le plan professionnel qu’humain.
Professionnellement, elle a été impliquée dans tous les grands projets de maquillage de Chanel pendant une trentaine d’années, après un passage dans de nombreux autres projets avec quelques contributions tout à fait remarquables.
Un évènement résume mieux que tout les choses : celui de la création du Rouge Noir dit aussi “Vamp”, une teinte de vernis à ongles qui a fortement marqué et qui préfigurait déjà ce phénomène que l’on appellera ensuite le “Nail Art”.
Au début de l’aventure de la Cosmétothèque, nous avons raconté l’histoire de la création de cette nuance. Nous avions pris un grand plaisir à nous rappeler cet épisode. Il y a plus de 30 ans, Heidi Morawetz n’hésitait déjà pas à passer la blouse et venir “au labo” comme elle disait, pour “bidouiller” des choses à la paillasse. Une anticipation sur ce que nous voyons un peu partout maintenant et que l’on appelle Fablab. Cette photo prise au labo “once upon a time” et de mauvaise qualité, retrouvée sur la toile, le montre mieux qu’un long discours.
Sur le plan humain, ceux qui ont travaillé avec elle garderont le souvenir d’une “bonne” personne, disponible, respectueuse, curieuse de tout, à l’écoute, d’une grande culture et toujours de bonne humeur. Et ce qui ne gâche rien, simple ! Pour illustrer ce propos, je me permets de rappeler une de ses remarques : “I think you can do wonderful jobs, wonderful work, and amuse yourself. But I don’t like people who get their head so big that they can’t walk through the door anymore”.
Elle incarnait parfaitement cette philosophie. Un exemple pour beaucoup.
Nous avions ensemble un projet depuis quelques temps de réaliser une histoire du maquillage du contour de l’œil. S’il se fait, il lui sera dédié.
RIP Schatzy.