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lundi 16 novembre 2015Congrès

Retour sur les innovations anti-âge

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Quelles sont les grandes dates des innovations anti-âge et les familles de produits qui ont marqué ce marché ? À l’occasion d’une conférence donnée lors du salon Cosmetic 360, Jean Claude Le Joliff, président de la Cosmétothèque, est venu dresser l’état de l’art de la cosmétologie. Avec un focus sur les produits de soin anti-âge. 

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Biologiste de formation, Jean Claude Le Joliff a été en charge de la R&D, puis de la Recherche et de l'Innovation du groupe Bourjois-Chanel.
Fondateur de Inn2C, société de conseil en R&D et Innovation, il a créé en 2013 la Cosmétothèque® , le premier conservatoire des métiers et des savoir-faire de l’industrie cosmétique.
Lors de cette courte intervention, il a proposé à ses auditeurs ‟ une petite promenade dans l’histoire de la cosmétique de l’anti-âge ″. En huit étapes majeures, chacune déterminée par une famille de produits.

 1ère étape : les recettes et secrets de grand-mères

Depuis longtemps et très souvent, les secrets dits de grand-mères ou les recettes ‟miraculeuses″ ont constitué la première étape de l’histoire de grandes marques.
Les choses ont commencé, comme presque toujours, par des recettes miracles ″, explique Jean Claude Le Joliff. ‟ Toujours le même scénario : une tante, un vieil oncle ou un chimiste avancé par exemple, va faire quelque chose de particulier et, très vite, les choses vont se structurer autour de grands produirs”.

Les crèmes nourrissantes

Après une longue période de recettes-maison, la première grande famille de produits apparaît : les crèmes nourrissantes qui vont s’installer sur le long terme sur le marché. Ce sont des crèmes riches, de type onguents, pommades ou cold-cream, basées sur la galénique des cérats apparue dans la pharmacopée européenne au XVIIe siècle.

Certaines de ses crèmes nourrissantes sont toujours présentes dans les rayons beauté et ont été de longues années, ou sont encore, des incontournables de l’industrie cosmétique.
Comme la petite boîte de Nivea apparue en 1911, devenue bleue en 1925 et ‟ actuellement encore l’un des produits les plus fabriqués au monde ″, précise Jean Claude Le Joliff.
Ou l’emblématique crème Nutrix, lancée en 1936 par le fondateur de Lancôme et un pharmacien, le docteur Vélon, et présentée comme ‟l’ange gardien de la peau″.

Les crèmes aux vitamines

Très vite ensuite, on va intégrer l’état de l’art ″, poursuit le conférencier. ‟ En particulier par l’intermédiaire d’une grande famille de produits qu’on appelle ‟skin vitamins ″. L’idée est de compléter le premier type de produits, assez passifs dans un premier temps, par des principes actifs, des substances qui vont avoir une certaine activité : les vitamines en sont les premiers candidats ″.
L’intérêt et le rôle des vitamines ont été découverts au début du XXe siècle. L’industrie cosmétique va s’y intéresser assez vite et les incorporer dans les formules des crèmes de beauté pour les supplémenter.
À l’exemple de la crème Skin Vitamin de Pond's commercialisée en 1937.

Les crèmes actuelles enrichies en vitamines A, E et C sont arrivées plus tardivement sur le marché, au début des années 70.

Les crèmes hormonales

L’étape suivante concerne l’anti-âge ″, continue Jean Claude Le Joliff, en précisant que ‟ dans un premier temps, on va utiliser des extraits glandulaires, car on sait déjà que la diminution de l’activité des glandes active le vieillissement ″.
En cosmétique, cette idée va être suivie par plusieurs fabricants. Les premiers produits vont être formulés avec des extraits glandulaires, comme Amor Skin de la marque allemande Opoterapia, lancée à la fin des années 20.

Puis, l’industrie va ensuite utiliser des substances de synthèse décrites comme des hormones. Autorisés notamment par la règlementation américaine jusque dans les années 60, ces substituts hormonaux vont donner naissance à de nombreuses références qui ont marqué leur époque : Hormone Twin Youthifiers de Helena Rubinstein en 1932, Hormone Cream  de Endocream en 1948, Eterna 27 de Revlon en 1962…

Les crèmes placentaires

En Europe où ces dérivés hormonaux sont interdits, on va se tourner vers d’autres concepts, notamment les substances biogéniques, dans l’idée de relancer l’activité biologique ″, détaille le président de la Cosmétothèque. ‟ C’est le début de la grande famille des extraits et des crèmes placentaires ″.
Ces extraits placentaires sont toujours d’origine animale, principalement issus du liquide amniotique bovin, et vont être utilisés par toute une série de produits emblématiques : Tree of Life Cream de Helena Rubinstein en 1958 ou Amnioderm de Payot.

Dans le même temps, autour des années cinquante, une autre substance voit le jour, celle du placenta végétal. ‟ Une idée originale, à la base de la cosmétique bio, qui utilise des substances d’origine végétale pour leurs propriétés biochimiques ″, ajoute Jean Claude Le Joliff.

Les crèmes embryonnaires

Pour stimuler la peau, des marques vont se pencher sur les recherches d’Alexis Carrel. Prix Nobel en 1912, il a étudié la façon dont on peut maintenir en survie des tissus vivants à l’aide d’extraits embryonnaires. ‟ C’est l’introduction du savoir avancé dans la formulation ″, souligne l’intervenant. Ces produits composés d’extraits embryonnaires d’origine animale, principalement issus du poulet, sont mis sur le marché majoritairement à partir des années 50, comme le Embryo Serum de Orlane en 1956.

Les crèmes biologiques

Arrivent les années 70 où les choses se structurent un peu plus et où la biologie entre petit à petit dans les laboratoires ″, poursuit le conférencier . C’est l’ère des crèmes biologiques.
Là, on va viser des systèmes biologiques, bien identifiés, comme la vitalité cellulaire, la consommation d’oxygène, les ATP booster (Adénosine Tri Phosphate)… que l’on peut évaluer et mesurer, ce qui est tout à fait nouveau ″, complète-t-il .
Plusieurs produits connus illustrent cette famille comme la Crème B21 de Orlane, toujours commercialisée, ou la Crème n° 1 F.R.E (Facteur Respiratoire Équilibré) de Chanel.

Les crèmes anti-âge

Mais la vraie innovation de rupture va se passer au milieu des années 80 ″, spécifie Jean Claude Le Joliff. On voit apparaître une nouvelle famille : les produits anti-âge. ‟ Ils se caractérisent par différents points : ce sont des monoproduits, ils utilisent des noms parfois inattendus et des concepts biologiques qui sont bien établis. Ils reposent sur une meilleure connaissance de la physiologie de la biologie cutanée et sont au service d’un phénomène sociologique ″.
En effet, au milieu des années 80, on se situe quarante ans après la naissance de la génération des baby-boomers. À 40 ans, les consommateurs commencent à être concernés par l’anti-âge et la demande pour ce type de soins cosmétiques se précise.
Les produits Capture de Dior, Niosôme de Lancôme et Night Repair d’Estée Lauder deviennent des best-sellers .

Petit à petit, le marché va s’organiser autour de cette cosmétique anti-âge ″, ajoute l’intervenant. Parallèlement, les innovations en matière d’ingrédients anti-âge débutent aussi et nombreuses sont les story-telling qui les prennent comme sujets : les facteurs naturels d’hydratation ou Natural Moisturizing Factor (N.M.F), le collagène, les mucopolysaccharides (MPS), l’acide hyaluronique issu du jus de betteraves, les céramides, les omégas 3, 6 et 9…
Ainsi que les phospholipides, les alpha-hydroxyacides (AHA), les biopeptides ‟ dont le Matrixyl est le plus digne représentant et l’ingrédient le plus innovant des vingt-cinq dernières années ″, les polymères, les polyphénols, etc.

Toutes ces innovations, couplées aux nombreux concepts biologiques, aux technologies émergentes et aux matrices de contradiction venues de la règlementation ou des utilisateurs finaux, comme la cosmétique bio, vont jouer un rôle important sur la dynamique du marché des soins anti-âge.
Pour les formulateurs de demain, ‟ connaître l’état de l’art permet de ne pas refaire la même chose, ça donne un avantage important pour essayer de mieux définir ce qui va se passer ensuite ″, conclut le fondateur du premier conservatoire de la cosmétique, ‟ car qui n’a pas de passé, n’a pas de futur ″.

HLH

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