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lundi 4 novembre 2024Dossiers

Nanomatériaux : le dossier

Nanomatériaux : le dossier

Ils inquiètent nombre de consommateurs du fait de leur éventuelle toxicité pour l’organisme. Ils préoccupent aussi les fabricants qui les utilisent pour leurs nombreuses propriétés cosmétiques, mais doivent s’adapter en permanence aux nouvelles exigences réglementaires avec les moyens, pas toujours suffisants qu’ils ont à leur disposition. Définition(s), caractérisation, évaluation de la sécurité et réglementation, études scientifiques, alertes et débats… Dossier au cœur de l’infiniment petit des nano-ingrédients.

Temps de lecture
~ 4 minutes

Première approche des nanos en cosmétique

Pour être tout petits, ils n’en sont pas moins grandement complexes à aborder. Avant d’être découverts par le grand public, ils avaient déjà une longue histoire dans les formules cosmétiques, plus ou moins discrète… Leurs propriétés si spécifiques et si diversifiées ne les rend pas plus simples à comprendre. Et très vite, dès que le Règlement Cosmétiques 1223/2009 les a “découverts” et mis en exergue sur les étiquettes des produits, ils ont suscité autant de méfiance que d’intérêt. Quelques points d’introduction, pour mieux appréhender de quoi on parle quand on évoque les nanos.

Nano-définition(s)

L’autre approche préliminaire à la compréhension des nanomatériaux est celle de leur définition… ou devrait-on dire plutôt, de leurs définitions. Car si le texte du Règlement Cosmétiques en comprend une, la Commission européenne en a publié une autre… qui n’est peut-être pas encore définitive. Or, cette référence est primordiale : comment déterminer si une substance est nano ou pas quand elle répond aux critères d’une définition et pas à ceux d’une autre ? Et dès lors, comment décider s’il faut l’étiqueter ou pas ? Même le catalogue des nanomatériaux utilisés en cosmétique élaboré par les services de la Commission européenne ne suffit pas forcément pour trancher, puisqu’à peine (difficilement) publié, il est déjà appelé à être révisé…

Alertes et débats publics / Les arguments à charge

Nourris par les études scientifiques, les débats autour de la sécurité des nanomatériaux pour la santé humaine et pour l’environnement n’ont pas cessé depuis des années. Comme souvent, ce sont d’abord les messages les plus alarmistes qu’on entend et qui sont le plus facilement relayés par la presse. Avec un focus particulier sur ces produits si polémiques que sont les protections solaires, et en guest star, le dioxyde de titane…

Alertes et débats publics / La charge des officiels

En ce qui concerne les nanomatériaux, il faut noter que les attaques ou les suspicions ne viennent pas que d’équipes de chercheurs en mal de publications ou d’associations “anti-nanos”. Parfois, les agences officielles se joignent au concert des alertes, et les institutions françaises ne sont pas en reste. Trois exemples, avec l’Agence française de sécurité des médicaments et des produits de santé, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail, et le Haut Conseil de la Santé Publique… et une première mesure d’interdiction demandée par la France dans les denrées alimentaires.

Alertes et débats publics / La voix de la défense

Non, les nanos n’ont pas que des détracteurs. Quelques études scientifiques arrivent parfois à décharge. Et on note aussi un bel effort de la Communauté européenne, qui s’est attachée à défendre les ingrédients cosmétiques nanos les plus décriés, dans une tentative louable de jouer la transparence et d’expliquer de la façon la plus pédagogique possible le pourquoi du comment à ses concitoyens.

La réglementation des nanos

Les nanomatériaux sont arrivés dans la règlementation cosmétique par la grâce du Règlement 1223/2009, qui remplacé l’ancienne Directive en 2013. Et même s’il est encore souvent difficile de les identifier avec certitude, ils n’en sont pas moins soumis à des obligations de déclarations (européenne, française…) et d’étiquetage sur les packagings des produits. Les choses se sont-elles simplifiées et clarifiées en cinq ans de pratique ? Quand on voit que le seuil de nanoparticules dans un ingrédient nano (celui qui déclenche l’obligation d’étiquetage) fait encore débat, on peut fortement en douter.

Les nanos dans les annexes du Règlement

Le Règlement Cosmétiques 1223/2009 prévoit très clairement qu’un nanomatériau, s’il s’agit d’un filtre anti-UV, d’un colorant ou d’un conservateur, doit figurer dans les Annexes dédiées pour pouvoir être utilisé dans les produits. Mais quand le texte est entré en application (le 11 juillet 2013), aucun ingrédient nano n’y figurait ! Les retards européens dans l’évaluation de la sécurité des substances et dans leur inscription réglementaire dans les annexes rendaient tout simplement les nano-ingrédients hors-la-loi. La situation s’est régularisée peu à peu, au moins pour certains d’entre eux.

La réglementation à venir : les avis du CSSC

Six ingrédients sous forme nanoparticulaire sont donc à ce jour insérés dans les annexes du Règlement Cosmétiques, et donc officiellement autorisés dans les produits cosmétiques. Mais la situation n’est pas tranchée pour plusieurs autres, qui sont encore dans le process d’évaluation de leur sécurité par le CSSC. Le Comité scientifique a cependant publié ses Opinions pour certains d’entre eux, pas toutes positives…

Caractérisation et évaluation

À ce stade, on serait tentés de dire : “C’est bien joli, tout ça, mais concrètement, on fait comment ?”. Pour détecter une substance nano, pour la caractériser, pour la déclarer, pour l’étiqueter… en un mot, pour être conforme à la règlementation ??? Ce n’est évidemment pas un petit problème, même s’il est de taille nano, et les contrôles effectués sur le marché sont là pour témoigner que beaucoup d’entreprises ont encore bien des difficultés à le gérer. Mais au fur et à mesure du temps, les guidelines, les recommandations, les nouvelles méthodes de screening… et les retours sur expérience sont venus comme autant de points d’appui pour standardiser les pratiques et faire des nanos (bientôt ?) des ingrédients cosmétiques comme les autres.

LW
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